Le cancer du profit07/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2462.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le cancer du profit

Les résultats des essais cliniques de deux nouvelles molécules, le Keytruda du laboratoire Merck et l’Opdivo fabriqué par Bristol-Myers Squibb (BMS), sont paraît-il spectaculaires. Dans le cas d’un mélanome métastasique, c’est-à-dire d’un cancer grave de la peau, mortel en moins d’un an à l’heure actuelle, on parle d’un allongement de l’espérance de vie de plusieurs années, avec beaucoup moins d’effets secondaires qu’avec les molécules précédentes. Autour de 2 000 nouvelles personnes par an seraient concernées. Et ces essais prometteurs portent également sur d’autres types de cancers graves, comme celui du poumon (40 000 nouveaux cas par an). Un énorme espoir donc.

En juillet, ces deux médicaments ont obtenu leur autorisation de mise sur le marché européen et ils devraient être commercialisés en France dans quelques mois. Mais les trusts pharmaceutiques qui les commercialisent profitent de leur position pour exiger un prix démesuré : 150 000 dollars par an et par malade aux États-Unis pour un traitement au Keytruda ou à l’Opdivo. En France, le prix n’a pas encore été fixé. Mais on évoque déjà la somme de 100 000 euros par an et par malade.

Ce prix est négocié entre les laboratoires et le CEPS (Comité économique des produits de santé) qui représente la Sécurité sociale et le ministère de la Santé. L’accord se fait dans la plus complète opacité. Il arrive parfois que le CEPS finisse par obtenir une baisse du prix d’un médicament, comme dans le cas du ­Sovaldi, efficace contre l’hépatite C, dont le prix initial de 56 000 euros pour un traitement de trois mois avait été ramené à 41 000 euros. Mais la négociation a toujours comme base le prix faramineux fixé par le laboratoire.

Le ministère et la Sécurité sociale acceptent de se faire rançonner par les grands laboratoires et de leur verser généreusement l’argent de la collectivité. Ils acceptent qu’il n’y ait aucune transparence sur les coûts réels de la recherche et de la production pharmaceutique, permettant aux trusts comme Merck, BMS et tous les autres des profits toujours plus énormes.

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