Israël-Palestine : vers une troisième intifada ?07/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2462.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : vers une troisième intifada ?

Depuis dimanche 4 octobre, à Jérusalem et dans l’ensemble de la Cisjordanie, les mêmes scènes se reproduisent quotidiennement, rappelant celles des deux précédentes intifadas : des jeunes se regroupent pour lancer des pierres contre des soldats israéliens, qui répliquent par des tirs, à balles réelles de plus en plus en souvent.

Du côté palestinien, deux jeunes de 18 et 12 ans ont trouvé la mort et le Croissant-Rouge palestinien a fait état de 77 Palestiniens blessés en vingt-quatre heures.

Commencés autour de la question de l’accès à l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, les affrontements n’ont en fait jamais cessé depuis la mi-septembre et se sont étendus à l’ensemble de la Cisjordanie. Les autorités israéliennes ont répondu par davantage de répression, augmentant le nombre de militaires déployés dans les quartiers arabes de Jérusalem, aggravant les peines contre les « lanceurs de pierres », prévoyant notamment quatre ans de prison pour les adultes et, pour les mineurs, de lourdes amendes à l’encontre de leurs parents. Mais, loin de réduire la contestation, l’attitude du gouvernement israélien a conduit à une nouvelle escalade dans la violence, avec l’assassinat le 1er octobre d’un couple de colons, suivi deux jours plus tard par l’attaque de trois Israéliens poignardés à Jérusalem.

Depuis plusieurs jours, comme en 1987 et en 2002, on assiste à une mobilisation de la jeunesse palestinienne. Les lanceurs de pierres qui défient les soldats israéliens ont parfois à peine plus de dix ans. Ainsi, à proximité de la colonie de Beit El, au nord de Ramallah, des dizaines d’élèves se rendent directement en sortant des cours aux check-points avec leurs cartables. La révolte est une réponse à la fois à l’arrogance de l’occupant israélien et aux provocations que les colons multiplient en toute impunité depuis des années.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a réagi en déclarant dans une allocution télévisée qu’il ne poserait « aucune limite » aux forces de sécurité. Il a annoncé la multiplication des détentions administratives pour les suspects palestiniens, l’accélération du processus de destruction des maisons appartenant à des « terroristes ».

Pour donner des gages à l’extrême droite et aux colons qui ont manifesté sous ses fenêtres, Netanyahou s’est lancé dans une nouvelle fuite en avant guerrière. Lundi 5 octobre au matin, l’armée israélienne a bombardé la bande de Gaza. Certains ministres israéliens parmi les plus à droite proposent une réoccupation de toute la Cisjordanie par l’armée.

Le journal israélien The Jerusalem Post commentait ainsi la situation : « Comment nommer ce regain de violence ? Intifada, ou non ? Terreur populaire ? L’intifada des pierres ? La triste vérité est que peu importe le nom qu’on lui donne. Ce qui est important, c’est la réalité et surtout la reconnaissance de cette réalité. (…) Et la réalité est que la Cisjordanie et Jérusalem sont en train de brûler. Elles sont en train de s’enflammer depuis plusieurs mois, voire depuis un an. »

Par son mépris total du droit des Palestiniens et par sa politique répressive, le gouvernement israélien ne fait qu’alimenter l’incendie.

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