Calais : le gouvernement livre les migrants à « la jungle »07/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2462.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : le gouvernement livre les migrants à « la jungle »

Lors de sa visite à Calais le 31 août, Valls s’était rendu au centre d’accueil Jules-Ferry afin de montrer un visage humanitaire, et pour annoncer la future construction d’un campement de tentes à proximité. Sa visite express et les mesures dérisoires annoncées alors n’avaient pas réussi à masquer le refus du gouvernement de répondre à la situation d’urgence des migrants coincés à Calais.

Plus de 3 500 personnes en sont réduites à survivre dans la « jungle », un bidonville sordide dans une zone de marécages. Entassés dans des abris de fortune infestés de rats, sans même un accès à de l’eau potable, certains souffrent de la gale voire de la tuberculose.

La situation n’a fait que s’aggraver depuis. À la survie dans des conditions misérables se sont ajoutées les pluies qui inondent tout, et la venue de l’hiver peut transformer cette situation en catastrophe humanitaire.

À cela s’ajoute l’hostilité contre les migrants que certains manifestent de plus en plus ouvertement. Elle n’est pas seulement le fait des quelques braillards racistes bardés de drapeaux bleu-blanc-rouge et autoproclamés « Calaisiens en colère » qui se sont rassemblés sur une plage dimanche 4 octobre. Une atmosphère de démagogie haineuse est entretenue par toute une partie du personnel politique en campagne pour les régionales, par la campagne crapuleuse du Front national, par les sorties xénophobes du candidat Les Républicains et mais aussi par la posture de « fermeté » du gouvernement qui se vante de son efficacité en matière d’expulsions.

Même les familles syriennes qui avaient trouvé refuge dans des locaux abandonnés au centre de Calais ont été ainsi jetées dehors par des CRS le 21 septembre et escortées à pied vers la « jungle ». À la violence verbale, aux menaces et aux coups de matraque de la police, ont succédé de véritables agressions physiques organisées contre les migrants. Plusieurs d’entre eux, en général la nuit, et toujours seuls, ont été attaqués, certains enlevés en voiture avant d’être tabassés dans un bois à l’écart et aspergés de gaz lacrymogène par des groupes de crânes rasés.

Cette situation et l’impasse dans laquelle se trouvent les migrants dans la souricière de Calais poussent certains à des actions de plus en plus désespérées pour passer en Angleterre : monter à bord des camions en marche, prendre d’assaut collectivement les barrières autour du tunnel pour le franchir collectivement à pied. Une centaine d’entre eux ont été ainsi rattrapés par la police alors qu’ils avaient déjà parcouru 15 km dans le tunnel dans la nuit du 2 au 3 octobre.

La seule réponse du gouvernement a été encore une fois d’annoncer l’envoi en renfort de 220 CRS et gendarmes supplémentaires. De nombreuses associations d’aides aux migrants, comme Emmaüs ou le Secours catholique, qui dénonçaient déjà l’inertie honteuse du gouvernement, ont décidé de rompre leur collaboration avec lui pour ne plus lui servir de caution morale. Cette politique du gouvernement Valls est véritablement criminelle, car c’est désormais leur vie que risquent une partie des migrants à Calais, dans leurs tentatives pour rejoindre leurs proches de l’autre côté de la Manche.

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