À bas la politique propatronale du gouvernement !07/10/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2462.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

À bas la politique propatronale du gouvernement !

Toujours plus à droite, toujours plus propatronale : voilà la ligne suivie par le gouvernement prétendument socialiste. Et il ne s’agit pas seulement d’Emmanuel Macron.

Le ministre de l’Économie a certes promu la loi qui a cassé les protections des salariés sur le travail du dimanche et les licenciements. Il multiplie les déclarations contre les fonctionnaires et les 35 heures. Mais ceux qui au PS le critiquent, en épargnant Valls et Hollande, sont bien hypocrites car ces derniers n’ont pas attendu Macron pour s’attaquer aux droits des travailleurs.

Faut-il rappeler le CICE, qui consiste à arroser les entreprises de milliards, sans aucun effet sur l’emploi ? Les accords de compétitivité, qui permettent aujourd’hui d’imposer une hausse du temps de travail avec baisse de salaire ?

Même quand il prétend prendre des mesures favorables aux classes populaires, le gouvernement mène une politique antiouvrière. En matière fiscale, les baisses promises ne font que masquer la hausse des impôts locaux. Et en ce qui concerne la fonction publique, les avancées pour les bas salaires ne sont que le paravent d’une diète généralisée.

Maintenant, le gouvernement veut réduire le Code du travail à quelques principes et laisser s’imposer les conventions collectives et les accords d’entreprise qui pourront être en deçà des lois actuelles. Fragmenter, émietter, casser les droits collectifs qui valaient pour tous les salariés, y compris pour ceux des petites entreprises, c’est la politique patronale depuis toujours.

En externalisant, en généralisant la sous-traitance, l’intérim et les CDD, le patronat multiplie les statuts, individualise les conditions de travail et les droits des travailleurs. Sur cent salariés qui interviennent dans un atelier, sur un chantier ou dans une entreprise de services, combien relèvent du même employeur ? Alors qu’ils travaillent ensemble, combien ont la même grille de salaire, les mêmes primes, les mêmes droits aux congés, aux repos ou à la retraite ?

Tout est fait pour diviser les travailleurs, pour les opposer et, au besoin, pour les monter les uns contre les autres. Chez Smart, à Hambach en Moselle, la maison mère Daimler a fait 7 milliards de profits l’an dernier. Mais on accuse les ouvriers ayant refusé de travailler 39 heures payées 37 d’avoir agi contre l’emploi des jeunes. Chez Air France, ce sont les pilotes qui sont accusés d’être responsables des suppressions d’emplois, pourtant décidées par la direction.

Mais, de l’entreprise de nettoyage à celle d’informatique, de l’intérimaire à l’embauché, de la femme de ménage, de l’ouvrier jusqu’au pilote d’avion, le même chantage patronal s’exerce. Supprimer des emplois, comprimer les salaires, allonger la durée du travail, précariser la main-d’œuvre : les mêmes attaques sont menées partout pour préserver les profits.

Le patronat mène la lutte pour l’ensemble de sa classe ? Il faut qu’en face, les travailleurs soient unis pour contre-attaquer.

Chaque salarié, chaque militant, réagit naturellement à l’attaque qui le touche dans son métier et dans son secteur. Isolés par la politique patronale et livrés à eux-mêmes par le manque d’initiatives collectives des centrales syndicales, il est difficile pour les travailleurs conscients de se poser les problèmes à l’échelle de l’ensemble de leur classe et d’y répondre.

Ce sont les confédérations syndicales qui devraient le faire. Ce sont elles qui devraient populariser la nécessité pour les travailleurs de parler d’une même voix, d’affirmer leurs intérêts de classe et d’organiser la lutte collective.

Au lieu de cela, certaines centrales, comme la CFDT, servent la soupe au gouvernement et au patronat en défendant pour les travailleurs des « droits à la carte ». Et les autres centrales n’ont plus la préoccupation de populariser la nécessité d’un combat de l’ensemble de la classe ouvrière.

Jeudi 8 octobre, la CGT, Solidaires et la FSU appelaient à une mobilisation interprofessionnelle, tout en laissant chacune de leurs fédérations décider des modalités de cette journée. Dans les secteurs où cette journée a été relayée et préparée, certains appelaient à la grève, quand d’autres appelaient seulement à la manifestation. Dans ces circonstances, les manifestations ne pouvaient rassembler qu’une fraction du monde du travail.

Mais il fallait se saisir d’une telle l’occasion. Car ceux qui auront fait grève et manifesté auront eu le mérite d’avancer des revendications communes à l’ensemble des salariés. Ils auront eu le mérite d’affirmer leur camp contre le patronat et ce gouvernement antiouvrier. Ils auront eu mille fois raison car c’est une nécessité.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 5 octobre 2015

Partager