Smart : 61 % des ouvriers rejettent le chantage de la direction16/09/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/09/entreeSmart_0.jpg.420x236_q85_box-0%2C309%2C3296%2C2163_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Smart : 61 % des ouvriers rejettent le chantage de la direction

Lors du référendum pour ou contre le « Pacte 2020 » de la direction de l’usine Smart de Hambach en Moselle, 61 % des ouvriers ont voté contre ce plan qui prévoit, en plus d’un retour aux 39 heures payées 37, un blocage des salaires pendant cinq ans. Si, sur l’ensemble du personnel, le oui l’emporte comme l’ont amplement relayé les médias, c’est en raison du vote favorable à 74 % des Etam et des cadres.

Illustration - 61 % des ouvriers rejettent le chantage de la direction

Au final, la direction se vante que 56 % du personnel de la Smart a voté pour son plan. Ce qui est une escroquerie à plus d’un titre, la direction de la Smart n’ayant bien sûr pas demandé leur avis au millier de travailleurs installés sur le site, employés par les sous-traitants, et qui seraient touchés par un retour aux 39 heures.

Le vote s’est déroulé un pistolet sur la tempe des salariés. En cas d’une victoire du non, la direction faisait planer la menace d’une délocalisation de la production dans l’usine Renault de Novo Mesto, en Slovénie, où est produite la Smart 4 places sur les mêmes chaînes que la Twingo. Comme d’habitude, c’est le manque de « compétitivité » du site de Hambach qui était pointé du doigt, Mercedes se gardant bien de comparer les salaires de Hambach à ceux des usines allemandes du groupe, bien plus élevés !

Si parmi les travailleurs, l’inquiétude sur l’avenir est là, ils savent aussi que le chantage à l’emploi est un marché de dupes. L’usine Smart est située à quelques kilomètres de l’usine Continental de Sarreguemines et l’expérience des ouvriers de Continental Clairoix dans l’Oise, à qui la direction avait promis le maintien de l’emploi en échange d’un retour aux 39 heures, avant de fermer l’usine, est dans tous les esprits.

De plus, la garantie de l’emploi jusqu’en 2020 est une promesse qui n’engage en rien la direction : elle vient de faire des investissements – subventionnés par les pouvoirs publics – pour produire le nouveau modèle de Smart qui vient de sortir.

Du côté des syndicats, la CGT, la CFDT et la CFTC avaient marqué, après des hésitations pour certains, leur opposition au projet de la direction. Ils ont été suivis par la majorité des ouvriers – contrairement à ce que prétendent les commentateurs qui ont brodé sur les syndicats qui ne seraient plus représentatifs des salariés.

Les négociations direction-syndicats devaient reprendre le 16 septembre. Pour que le plan de la direction soit appliqué, il devrait être approuvé des syndicats représentant 30 % du personnel. Seule la CGC (20 % des voix aux élections) a fait campagne pour le plan de la direction. Il faudrait que la CFTC (26 %) lui emboîte le pas, ce qui n’est pas dit.

De toutes façons, CGT (36 %) et CFDT (17 %), majoritaires à elles deux, ont annoncé qu’elles feront jouer leur droit d’opposition.

Le référendum organisé à la Smart s’inscrit dans une campagne patronale et gouvernementale contre le monde du travail. Et en effet, la direction n’a pas besoin de plus de travail : elle vient d’annoncer sept vendredis non travaillés. Elle n’a même pas besoin d’imposer 39 heures puisque son projet est de revenir aux 35 heures en 2020. Elle veut juste faire baisser les salaires… dans un groupe riche à milliards ! Il n’en est pas question.

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