Pass Navigo : un progrès… à confirmer02/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2457.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pass Navigo : un progrès… à confirmer

Depuis le 1er septembre, les 3,8 millions d’habitants d’Île-de-France détenteurs d’un abonnement au réseau de transports publics – le pass Navigo – peuvent pour le prix d’un abonnement illimité couvrant Paris et la proche banlieue (70 euros par mois) circuler sur toute l’étendue du réseau, de la zone 1 à la zone 5. Certaines villes de cette zone 5 sont situées à 70 kilomètres du centre de la capitale.

Cette mesure, une des rares promesses de l’actuelle majorité régionale de gauche à avoir bénéficié aux travailleurs de la région parisienne, va permettre à beaucoup de voir leur abonnement diminuer. Les plus avantagés seront les habitants de lointaine banlieue allant à Paris ou au-delà. Ils économiseront 511 euros dans l’année grâce à leur pass Navigo mensuel. Les usagers de Paris ou de la proche banlieue (zones 1 et 2) continueront à payer au même prix leur passe mensuel mais auront accès à la totalité du réseau, possibilité intéressante, qui n’existait que depuis quelque temps et seulement le week-end et pendant les vacances scolaires. Il faut rappeler que, en janvier 2015, cet abonnement avait préventivement subi une hausse…

Les nouveaux tarifs vont cependant léser les détenteurs d’un pass annuel ne couvrant que deux zones, 400 000 usagers, qui verront leur forfait augmenter de 0,5 % environ.

Cette mesure va-t-elle « casser les logiques d’enclavement » comme le prétend Valls ? Ce n’est pas si sûr. Le budget transport d’une famille populaire, même si la carte Imagin’R (la version scolaire ou étudiante du passe Navigo francilien) est elle aussi dézonée, reste important rapporté aux salaires ou aux pensions insuffisants. Sans abonnement, les transports en commun sont aussi très coûteux, surtout multipliés par le nombre d’enfants. Et surtout, sur les quelque dix millions de déplacements quotidiens dans la région, huit se font au sein de la grande couronne et nécessitent bien souvent un véhicule individuel, faute de lignes de transports collectifs adaptées.

Il reste la question du financement de la mesure, 400 millions d’euros de manque à gagner pour l’année 2016. Un accord entre les dirigeants PS-Verts de la région et la chambre de commerce d’Île-de-France a prévu une augmentation de 0,13 % du VT, le versement transport, pour les entreprises de Paris et de la petite couronne employant plus de neuf salariés. La région financerait le reste du manque à gagner. Mais les patrons n’y perdraient rien, d’une part parce qu’un amendement à la loi Macron élève de 9 à 11 salariés le seuil au-dessus duquel un employeur est redevable du VT. D’autre part parce que, le prix du pass Navigo diminuant, les patrons qui indemnisent à 50 % les salariés économiseront des sommes importantes.

Mais, dans tous les cas, il ne doit pas être question, comme les dirigeants de la région le laissent entendre en comparant avec les tarifs des transports londoniens, d’une augmentation du prix des transports en commun ! Ce service public indispensable doit être financé, entretenu et développé, en tant que tel, grâce au budget de l’État et en mettant à contribution le patronat, qui bénéficie ainsi d’un immense réservoir de main-d’œuvre.

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