Urgences fermées : des économies dangereuses26/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2456.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Urgences fermées : des économies dangereuses

Samedi 15 août, plus de 2 000 personnes ont manifesté à Valognes dans la Manche pour protester contre la fermeture des urgences durant l’été et s’opposer à l’éventuelle suppression de ce service.

Le 6 août dernier, les urgences et le smur de Valognes (équipe locale du samu 50) ont fermé. La direction de l’hôpital et l’Agence régionale de santé (ARS) ont invoqué le manque de médecins urgentistes et l’impossibilité de trouver des médecins intérimaires. Il faudrait 24 médecins pour que le service fonctionne normalement, et il n’en reste que 15 actuellement. Le smur a repris son activité le 15 août, mais les urgences restent fermées. Les plus proches se situent à Cherbourg, à 20 km. Pour se rendre aux urgences, les habitants des villages les plus éloignés ont jusqu’à 40 km de trajet.

Et le cas de Valognes n’est pas isolé. Les urgences de l’hôpital de Saint-Vallier dans la Drôme et celles de Firminy dans la Loire sont fermées la nuit. Le smur de Condom dans le Gers a fermé 23 nuits et deux jours. La deuxième équipe de jour a été supprimée plusieurs semaines à Bourgoin-Jallieu dans l’Isère. Partout, c’est le manque de médecins urgentistes qui justifie les fermetures.

Cette carence est indéniable : selon la Fédération hospitalière de France, 12 % des postes de médecins sont vacants dans les hôpitaux. Ce n’est pourtant qu’un aspect de l’insuffisance du nombre de médecins. Depuis quarante ans en France, depuis l’introduction du numerus clausus qui limite arbitrairement chaque année le nombre d’étudiants en médecine, on ne forme pas assez de médecins et il en manque un peu partout : dans les régions rurales, dans les quartiers pauvres, dans certaines spécialités, et donc aussi dans les services d’urgences. Il sert aujourd’hui de prétexte à de nombreuses fermetures de services hospitaliers ou de maternités.

Dans les services d’urgences, quand une partie des médecins prennent leurs congés l’été, les listes de gardes deviennent très difficiles à remplir. Les hôpitaux recourent alors à l’intérim, qui s’est développé ces dernières années mais qui entraîne des surcoûts importants. Les fermetures de services, par contre, sont vues comme des économies par les directions des hôpitaux et les ARS.

Pourtant, ces fermetures représentent une mise en danger de la vie des patients, en introduisant des délais supplémentaires dans leur prise en charge y compris dans les cas les plus graves, quand l’équipe du samu disponible la plus proche se trouve à plusieurs dizaines de kilomètres.

François Hollande avait promis durant sa campagne électorale, et répété ensuite en 2013, que « aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d’urgences ». Cet été, cela n’a pas été le cas dans bien des endroits, et c’est bien la politique de son gouvernement qui en est responsable.

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