Israël : détention arbitraire et traitements inhumains26/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2456.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : détention arbitraire et traitements inhumains

Mohammed Allan a cessé sa grève de la faim, après la levée de sa détention administrative par la Cour suprême d’Israël.

Cet avocat palestinien de 31 ans de Naplouse, en Cisjordanie occupée, était incarcéré depuis novembre 2014, sous le régime de la détention administrative.

Cette disposition totalement arbitraire, héritée du Mandat britannique, autorise les autorités israéliennes à incarcérer pour six mois renouvelables, c’est-à-dire indéfiniment, n’importe qui, sans procès et sans devoir fournir la moindre raison. Actuellement, 400 détenus palestiniens sont retenus sous ce régime. Exceptionnellement, début août, cette mesure a été utilisée contre plusieurs extrémistes juifs, accusés d’avoir tué un bébé palestinien, brûlé vif avec sa famille.

Vis-à-vis des Palestiniens, les détentions administratives ont toujours été un moyen bien pratique des gouvernements successifs pour arrêter n’importe qui, sans rendre de comptes, et le garder à leur guise. Même l’ONU, pourtant conciliante, la juge par la voix d’un sous-secrétaire général « incompatible avec les standards internationaux des droits de l’homme ».

Pour l’instant les protestations – et elles ne manquent pas, y compris de la part d’associations israéliennes – n’ont pas fait bouger les autorités. Au contraire. Suite à plusieurs grèves de la faim de prisonniers contre leur détention arbitraire, le gouvernement Netanyahou a fait adopter fin juillet une loi autorisant le recours à l’alimentation forcée de ces détenus.

Les partis arabes du Parlement étaient contre, mais aussi de nombreuses organisations israéliennes, comme l’Association médicale.

Face à la résolution de Mohammed Allan, qui écartait tous les compromis inventés par les autorités et devenait le symbole de la lutte contre les détentions administratives, le gouvernement a tenté l’alimentation forcée. Mais le personnel de deux hôpitaux successifs s’y est opposé.

Suite à la dégradation de sa santé – il était dans le coma et risquait des atteintes irréversibles au cerveau, sinon la mort, puisqu’il ne s’alimentait plus depuis 78 jours – la Cour suprême a décidé qu’il convenait de suspendre sa détention.

À droite, plusieurs ministres israéliens ont vu dans cette décision un dangereux précédent, « cédant au chantage » des Palestiniens.

Mohammed Allan a donc décidé de suspendre sa grève de la faim. Mais tout souligne que la Cour suprême n’a fait que gagner du temps. En liant la non-détention à l’état de santé, elle laisse les mains libres aux autorités pour réincarcérer Allan, une fois rétabli. La détention administrative, c’est-à-dire l’arbitraire le plus brut contre les Palestiniens, est toujours légale.

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