Agriculteurs mobilisés : sous la menace des industriels, du gouvernement… et de la FNSEA26/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2456.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Agriculteurs mobilisés : sous la menace des industriels, du gouvernement… et de la FNSEA

Une bonne partie du monde paysan reste mobilisé, avec en première ligne les éleveurs qui n’ont reçu aucune réponse à leurs demandes de prix garantis pour le lait ou la viande qu’ils livrent aux industriels et à la grande distribution.

Car si le gouvernement, Le Foll, le ministre de l’Agriculture, Valls, voire Hollande ont multiplié les déclarations, c’est surtout pour détourner l’attention de cette question posée par les paysans mobilisés. Pour ce tour de passe-passe, ils ont bénéficié de la complicité active de la direction de la FNSEA, le syndicat majoritaire, censé représenter leurs intérêts.

Le détonateur du mouvement paysan cet été a été la baisse des prix imposée aux éleveurs des différentes filières (lait, viande de bœuf et viande de porc) par la grande distribution et les industriels de ces secteurs, pour accroître leurs profits sur le dos des producteurs comme des consommateurs. Et, face à cela, le gouvernement n’a rien voulu faire, a temporisé.

Lundi 24 et mardi 25 août, dans un chœur bien accordé, Hollande, Valls et Le Foll d’un côté et Xavier Beulin, le président de la FNSEA, de l’autre ont décrété que le problème paysan venait en réalité du… mauvais comportement des consommateurs qui n’achèteraient pas assez de bœuf ou de porc issus des élevages français. Et voilà tous ces compères en train de discourir sur un éventuel étiquetage « Viande de France ». Quant aux 100 millions d’aides promises par le gouvernement, elles seraient pour l’essentiel des baisses de charges qui profiteraient d’abord aux plus gros, et avant tout à ceux qui ont le plus de salariés, c’est-à-dire à ceux qui ont le moins de difficultés, voire pas du tout. Et, dans tout ça, disparus les vrais responsables et le contrôle des prix minimums d’achat réclamé avec force par la grande majorité des paysans.

Pour couronner le tout, le président de la FNSEA a demandé une aide de trois milliards pour… « rendre plus compétitives les exploitations de l’élevage ». Et c’est même sur ce thème que la direction nationale du syndicat veut organiser l’opération « mille tracteurs à Paris » le 3 septembre. Mais cette course à la compétitivité des exploitations, c’est justement ce qui a provoqué la disparition de nombre d’anciennes exploitations. Bien des paysans ont été ruinés par les prêts du Crédit agricole, la course à la concentration imposée par les coopératives, les industriels et la grande distribution. L’État de son côté a financé à tour de bras cette concentration forcée et cette disparition de masse de la paysannerie petite et moyenne.

Toute cette opération médiatique semble préparer un accord parrainé par le gouvernement au profit des plus gros agriculteurs, à la fois sur le dos des petits producteurs et des consommateurs.

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