L’hôpital soigne la finance : pas les malades19/08/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/08/Hopital_P_10.JPG.420x236_q85_box-0%2C192%2C2048%2C1344_crop_detail.jpg

Leur société

L’hôpital soigne la finance : pas les malades

Nous publions ci-dessous des extraits des bulletins Lutte Ouvrière de différents centres hospitaliers

Illustration - pas les malades

Centre hospitalier de psychiatrie – Cadillac (Sud-Ouest)

Quand l’hôpital sert à soigner la finance

Entre 2002 et 2013, la dette des hôpitaux a triplé, passant de 10 à 30 milliards d’euros, remettant en cause leurs capacités de fonctionnement et d’investissement.

La raison tient à deux plans gouvernementaux, les plans Hôpital 2007 et Hôpital 2012, qui ont poussé les hôpitaux dans les griffes des banques. Si bien que chaque jour nous venons travailler pour rembourser cette dette avec ses intérêts qui enrichissent les banques et leurs actionnaires.

Endetter les hôpitaux, c’était le but !

« On a donc poussé les établissements à s’endetter », selon la commission des affaires sociales de ­l’Assemblée nationale, avec ces plans qui étaient « un soutien davantage au monde bancaire qu’au monde hospitalier ». L’hôpital est ainsi devenu une pompe à fric pour la finance, une pompe qui aspire l’argent économisé sur le dos des soignants et dans les poches des patients pour remplir les coffres des banquiers. Chaque année, les sommes détournées par les banques (Dexia, le Crédit agricole, la Caisse d’épargne, Royal Bank of Scotland) dans le cadre du remboursement de ces emprunts se montent à 2,5 milliards d’euros. Autant d’argent qui pourrait servir à embaucher, à maintenir les hôpitaux, les maternités de proximité. Mais cette manne pour le système financier n’est pas près de se tarir, car les seules recommandations faites par la commission se limitent à « former aux pratiques financières les équipes dirigeantes des établissements de santé ». Ça promet.

CHU Champmaillot – Dijon

Non à la loi du fric à l’hôpital

Des lits et des services entiers sont fermés l’été par mesure d’économies. La capacité d’accueil est réduite et, pour la direction, il faut faire sortir les patients coûte que coûte, car cela ne rapporte pas de les garder. Premier ­objectif : augmenter le turn-over dans les lits, quitte à ce que ces malades reviennent quelques jours plus tard, dans un état encore pire et en engorgeant les Urgences ! C’est éreintant pour nous, et aberrant pour les malades, mais c’est rentable du point de vue de la logique financière de la direction. La nôtre, c’est que l’hôpital serve à soigner les malades qui en ont besoin. Ce sont deux logiques qui défendent des intérêts incompatibles.

La chasse aux lits est ouverte

Les fermetures de lits, la pression pour réduire la durée moyenne de séjour se sont accrues. Les Urgences sont débordées et c’est au moins trois appels par poste pour savoir si un lit s’est libéré. Alors on pousse nos patients en soins de suite avant même que le premier lever ne soit fait, les retours à domicile sont prévus du jour au lendemain, aux familles d’être présentes ! Voilà dans les faits la « réalité » économique que la direction nous prône !

CHU Bocage – Dijon

La patate chaude des heures sup’

En Endocrino, puisque c’était soi-disant plus « calme » la nuit, et que les équipes de jour étaient débordées et faisaient des heures sup’ pour finir les soins, de plus en plus de tâches ont été confiées à la nuit en plus des soins habituels ; comme préparer les piluliers, les dossiers, ou encore faire les prises de sang (quitte à réveiller les patients à 4 h 30 du matin…). C’est à présent le personnel de nuit qui est obligé de faire 30 minutes de rab tous les matins. Il n’y a pas de mystère : si on n’y arrive pas, c’est qu’on n’est pas assez nombreuses pour faire le boulot. De jour comme de nuit.

Tout est dans tout et réciproquement

Avec les fermetures de lits, on case les malades dans n’importe quel service pourvu qu’il y ait un lit, qu’ils relèvent de la chirurgie digestive, de la CCV, de l’urologie, ou de l’ortho, s’il y a un lit en médecine 1, en Néphro ou en Rhumato, ça ira bien. Quant à surveiller correctement ces patients dont nous n’avons pas l’habitude, il n’y a que nous que ça a l’air d’angoisser.

Centre hospitalier – Bourges

Des économies sur notre dos

Les camarades en contrats embauchés pour remplacer à l’équipe ­d’Hygiène font 7 heures par jour. Comme cela ils n’ont pas de RTT. Supprimer les RTT ? Cela nous rappelle quelque chose. Il faudra juste qu’on nous explique comment faire en 7 h le même travail qu’en 7 h 36... Et ça, ce n’est pas possible.

Une façon de baisser les salaires

Les contractuels sont de plus en plus nombreux dans les hôpitaux, au point de représenter 20 % des effectifs au niveau national. Si leur nombre augmente autant, c’est avant tout parce qu’ils sont moins payés, qu’ils n’ont pas droit à toutes les primes. C’est scandaleux.

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