Demander au gouvernement de s’en prendre aux géants de l’agroalimentaire : mission impossible19/08/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/08/p12.jpg.420x236_q85_box-0%2C141%2C1960%2C1243_crop_detail.jpg

Leur société

Demander au gouvernement de s’en prendre aux géants de l’agroalimentaire : mission impossible

Depuis le début de l’été, les éleveurs et d’autres agriculteurs réclament au gouvernement des mesures de protection face à la baisse des prix d’achat de leur production, qui met la survie de leur exploitation en danger.

Illustration - mission impossible

Ceux qui imposent ces baisses de prix, ce sont les gros industriels du secteur et les centrales d’achat de la grande distribution. Ce sont eux qui, voulant toujours plus de profits, d’un côté rackettent les consommateurs, avec des prix les plus hauts possible à la vente au détail, et de l’autre les producteurs de base, les agriculteurs, en leur imposant, grâce à leur contrôle de monopole sur le marché, des prix d’achat les plus bas possible.

Mais le gouvernement tergiverse et refuse toute mesure contraignante contre les géants de l’agroalimentaire. Au début de l’été, il a donné son axe de… non-intervention : « Nous ne sommes pas dans une économie administrée », a-t-il dit. Donc, pas question d’aller contre les lois du marché, celle de l’offre et de la demande, celle de l’économie capitaliste qui met les petits sous la coupe des plus gros, tant que ces derniers veulent bien les laisser survivre.

La seule intervention qu’a acceptée le gouvernement, c’est de mettre tout le monde autour d’une table et d’essayer de convaincre ceux qui imposent leur dictature sur le monde paysan de faire un petit geste. Le Foll, le ministre de l’Agriculture, vient de réaffirmer qu’il entend favoriser « la capacité à négocier, à discuter et que chacun assume ses responsabilités ».

Mais c’est exactement ce qui s’est fait. Les industriels et la grande distribution s’étaient engagés à pratiquer des prix de base prétendument garantis, puis « ils ont pris leurs responsabilités », ont décrété que leurs engagements ne les engageaient pas et ont baissé leur prix d’achat de viande bovine, de lait, de porc, etc. Cela, en vertu de l’économie de marché et de la libre concurrence, que le gouvernement est là pour défendre. Comme tous ses pareils, il défend « la force économique de l’agroalimentaire » des trusts français qui font des milliards de profits, et aussi les géants de la grande distribution, comme les plus gros capitalistes de tous les secteurs, par tous les moyens possibles. Les dizaines de millions « d’aides aux filières de production » promises par le gouvernement iront, comme toujours, encore enrichir les plus riches d’entre eux. C’est ce qu’on a vu au moment de la crise récente des abattoirs.

On ne peut pas demander au gouvernement, garant des intérêts des gros capitalistes, de s’attaquer à ses maîtres. Il est là pour les servir et rien d’autre. Ce constat vaut pour les travailleurs, mais tout autant pour les paysans qui penseraient qu’il peut en être autrement.

Partager