Brésil : le mécontentement récupéré par la droite19/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2455.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : le mécontentement récupéré par la droite

Le week-end des 15 et 16 août, de grandes manifestations se sont déroulées dans les villes du Brésil, réunissant entre un et deux millions de personnes, à l’appel du PSDB, le principal parti de l’opposition de droite. Les manifestants dénonçaient la corruption du Parti des travailleurs (PT), de ses alliés au gouvernement, de son fondateur Lula, et ils réclamaient la destitution de la présidente Dilma Rousseff.

Des manifestations semblables, orientées à droite, avaient déjà eu lieu le 15 mars. Depuis l’instauration de la dictature militaire en 1964, les manifestations étaient le monopole de la gauche et de la classe ouvrière : ce n’est plus vrai désormais. C’est que le PT est au pouvoir depuis douze ans, et depuis douze ans mène une politique antiouvrière, ouvertement au service de la grande bourgeoisie.

D’ailleurs une partie des manifestants du week-end n’étaient pas des bourgeois grands ou petits, mais des chômeurs, des travailleurs précaires, des étudiants issus des classes populaires. Les manifestants ne parlaient pas seulement de corruption, mais aussi du mauvais état de la santé et de l’éducation, du chômage, de l’inflation. Les politiciens de droite sont suffisamment démagogues pour reprendre ces revendications, trop contents que des gouvernements « de gauche » mènent leur politique, souvent plus efficacement qu’eux. Mais il ne faut pas compter sur eux pour gouverner autrement.

Les chefs de file du PSDB étaient dans la rue, certes, et réclamaient comme tout le monde la destitution de la présidente. Mais cela aussi était démagogique. Le communiqué de la Fiesp (l’équivalent brésilien du Medef) ou l’éditorial du grand quotidien Globo, reflétant l’opinion de la grande bourgeoisie, étaient d’ailleurs mesurés. Comment ces gens-là pourraient-ils vouloir renverser un gouvernement qui aggrave les impôts, généralise la précarité pour les travailleurs et réforme à tour de bras Sécurité sociale, retraites, droit du travail, etc. ?

Et même sur le thème principal des manifestants, la corruption, la droite n’a rien à envier au PT et à ses alliés, actuellement englués dans le scandale autour de Petrobras, la société pétrolière nationale. La droite aussi a ses scandales, ses affaires de corruption, ses notables pourris. C’est même elle qui a mis en place les systèmes de financement occulte que le PT a utilisés quand il est arrivé aux affaires. Elle n’a pas intérêt à un grand ménage.

C’est cette droite cependant qui, de fait, se renforce du discrédit de ce gouvernement dit de gauche, et qui parle y compris au nom d’une partie des travailleurs que sa politique révolte. Il faut souhaiter que ce mécontentement trouve bientôt à s’exprimer, non par la voix de ces démagogues, mais sur un terrain de classe, celui des revendications ouvrières, qui auront contre elles tous les politiciens bourgeois unanimes, de droite comme de gauche.

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