Total – Carling : les lenteurs de la justice12/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2454.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Total – Carling : les lenteurs de la justice

Six ans après l’accident mortel advenu à l’usine Total de Carling, l’ancien directeur du site ainsi que de Total Petrochemicals France sont enfin renvoyés en correctionnelle pour homicides involontaires. Si aucun report n’intervient, le procès devrait avoir lieu en février 2016.

Les faits remontent à juillet 2009. Le 15 juillet à 14 h 50, le vapocraqueur numéro 1 de la plate-forme pétrochimique de Carling avait explosé, provoquant la mort de deux ouvriers, Maximilien Lemaire, 22 ans, et Jérôme Grifoul, 28 ans, tandis que sept autres travailleurs étaient blessés.

L’enchaînement des faits ne faisait aucun doute, il y a six ans déjà. Le 14 juillet 2009, un gros orage avec des pluies diluviennes s’était abattu sur la plate-forme de Carling, site classé Seveso 2, seuil haut. La direction décidait alors d’arrêter le vapocraqueur, une installation clef du site, suite à des infiltrations d’eau.

Le lendemain, neuf travailleurs (huit employés chez Total et un salarié d’une entreprise sous-traitante) étaient chargés de le remettre en route. C’est lors des tentatives de rallumage du vapocraqueur que l’explosion s’est produite, une poche de gaz s’étant formée au sein de l’installation.

Dans cet accident, tout accable Total depuis le début. L’enquête interne du CHS-CT a montré qu’un automatisme de sécurité, empêchant la sortie du gaz en cas d’absence de flamme, avait été désactivé plusieurs années auparavant, car il se déclenchait de manière intempestive. L’arrêt et le rallumage du vapocraqueur étant rares, la direction avait tout simplement décidé de s’en passer. De plus, ce vapocraqueur n’étant pas muni d’un système de mise à feu à distance, les travailleurs étaient contraints de s’approcher au plus près de l’installation, avec tous les risques que cela comportait en cas de dysfonctionnement.

Il avait pourtant fallu trois ans pour que la direction soit mise en examen, et à nouveau trois ans pour qu’une date de procès soit fixée. Quand il s’agit des puissants – on se rappelle le drame d’AZF à Toulouse – la justice se hâte lentement.

Au moment où l’on apprenait la tenue d’un procès pour ce drame qui a fauché deux jeunes vies, le tribunal correctionnel de Metz condamnait un SDF à huit mois de prison ferme pour avoir brisé la vitre et volé une pomme dans une voiture.

Selon que vous serez puissant ou misérable…

Partager