Smart : la direction veut les 39 heures sans les payer12/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2454.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Smart : la direction veut les 39 heures sans les payer

À Hambach en Moselle, la direction de l’usine qui produit la Smart de Mercedes (groupe Daimler) voudrait imposer le retour aux 39 heures.

En échange de ces quatre heures supplémentaires hebdomadaires de travail et de la suppression de jours de RTT, six pour les ETAM et dix pour les cadres, la direction propose une prime de 120 euros brut mensuels et une prime annuelle de 1 000 euros.

L’augmentation de travail de 12 % que cela représente ne serait compensée que par 6 % en plus sur les salaires. Un vol pur et simple, et la promesse de la direction d’embaucher en CDI, dans les trois ans, une cinquantaine d’intérimaires déjà présents sur le site ne change rien à l’affaire, pour autant que cette promesse soit tenue.

Le chantage est toujours le même : le site de Hambach en Moselle qui produit la Smart deux-places ne serait pas assez compétitif. En particulier par rapport à l’usine de Renault en Slovénie qui produit la Twingo et la Smart Forfour (la quatre-places), Mercedes ayant décidé de s’associer à Renault pour la production des derniers modèles de Smart.

Pas assez compétitif ? Mais de qui se moque-t-on ! 2 300 travailleurs produisaient des Smart au début de l’usine (inaugurée en 1998), alors qu’il n’en reste plus que 1 600 aujourd’hui, avec une production en hausse. Comme le fait remarquer la CGT de l’entreprise, cette mise en concurrence des sites est un non-sens… ou alors il faudrait aligner les salaires de Hambach sur ceux de Stuttgart ou Rastatt en Allemagne, qui sont pas loin du double de ceux de la Moselle.

De toute façon, le groupe Daimler n’est pas sur la paille, loin s’en faut. Il vient d’annoncer un bénéfice en hausse de 54 % au deuxième trimestre, avec 3,8 milliards, après une hausse de 89 % au premier trimestre. Ce qui avait fait titrer au magazine Le Point : « Daimler roule sur l’or » ! Le journal soulignait alors que la rentabilité de la division voitures (Mercedes et Smart) s’était encore considérablement améliorée, passant de 7 à 9,4 %.

Cela n’empêche pas le groupe de mettre en concurrence les usines et de laisser planer la menace d’une fermeture pure et simple de l’usine d’Hambach, construite à coups de millions de subventions publiques.

C’est au nom de l’emploi que les pouvoirs publics avaient financé sa construction. C’est encore au prétexte de l’emploi que la direction de Mercedes veut imposer de nouveaux sacrifices aux travailleurs.

CGT et CFDT ont annoncé leur refus de ce chantage scandaleux, tandis que CFTC et CGC ne se sont pas vraiment prononcées. Direction et syndicats doivent se revoir fin août au retour des congés, un référendum est envisagé.

Les travailleurs ont le droit moral de refuser ce chantage. Quoi qu’en dise la direction, toutes les usines du groupe contribuent à la fortune considérable de Daimler. Plutôt que de devoir travailler plus et quasi gratuitement, il faudrait d’urgence embaucher et augmenter les salaires.

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