La terrible menace des bombes, nucléaires ou pas, et de ceux qui les détiennent12/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2454.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La terrible menace des bombes, nucléaires ou pas, et de ceux qui les détiennent

Les images de Hiroshima et de Nagasaki, les deux villes japonaises dévastées par les premières bombes atomiques, ont tourné en boucle sur les chaînes de télévision la semaine dernière. Malgré l’hypocrisie des commentaires, leurs mensonges ne serait-ce que par omission, cette commémoration rappelle au moins de quoi ont été capables ceux qui dirigent le monde, de quoi est capable la classe capitaliste dont la concurrence, les rivalités, engendrent périodiquement des guerres.

Ce que symbolise l’anéantissement des deux villes en quelques secondes nous concerne. Ce n’est pas seulement l’histoire d’un passé révolu. Cela peut être la préfiguration de ce qui pourrait advenir demain. Et pas seulement parce que les armes nucléaires n’ont jamais cessé d’être perfectionnées, atteignant une puissance destructrice sans commune mesure avec l’efficacité pourtant horrible des bombes de Hiroshima et Nagasaki. Mais surtout parce que la classe sociale qui détient cette puissance destructrice est toujours au pouvoir.

Ce n’est pas le fusil entre les mains de l’assassin qui est responsable d’un assassinat, c’est l’individu qui s’en sert. Pour horribles qu’aient été les effets des bombes atomiques, avec les quelque 300 000 morts sur-le-champ et des centaines de milliers du fait des radiations, la dernière guerre mondiale a fait 50 millions de morts victimes d’armes classiques, le double avec ceux qui ont péri d’épidémies ou de faim.

Et morts pour quoi ? Ce n’est pas du fait de l’hostilité des peuples, quels qu’ils soient. Quelques décennies après les massacres entre peuples jetés les uns contre les autres, on célèbre maintenant l’amitié indéfectible entre l’Allemagne et la France, entre le Japon et les États-Unis.

Les victimes de Hiroshima ne sont pas mortes pour raccourcir la guerre en contraignant le Japon à capituler. Les bombes ont été larguées alors que l’Allemagne, principale protagoniste du camp dont faisait partie le Japon, avait déjà capitulé depuis trois mois. Elles ont été utilisées par les dirigeants de l’impérialisme américain pour terroriser tous les peuples qui auraient été tentés, après l’immense boucherie qu’a été la Deuxième Guerre mondiale, de demander des comptes à leurs dirigeants.

La Première Guerre mondiale avait été suivie par une vague révolutionnaire, au cours de laquelle les prolétaires d’un grand nombre de pays s’étaient soulevés contre leurs dirigeants. En Russie, ils étaient parvenus à conquérir le pouvoir et à exproprier les classes possédantes responsables et profiteurs de la guerre.

L’écrivain allemand Brecht affirmait, parlant du nazisme : « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. » Cela vaut, ô combien, pour ce qui est de la menace que représente le pouvoir de la classe capitaliste sur le monde !

Les rivalités économiques qui conduisent aux guerres sont dans les gènes du capitalisme. Aujourd’hui, elles ne se manifestent qu’à travers la concurrence, la compétitivité. Mais déjà, au nom de cette compétitivité, la caste politique qui défend les intérêts de la grande bourgeoisie impérialiste dresse les uns contre les autres des pays, des peuples, des exploités.

Il ne s’agit pas seulement de mots. Car si, depuis soixante-dix ans, l’humanité n’a pas subi une troisième guerre mondiale, elle a connu d’innombrables guerres locales. Il ne faut pas chercher loin pour trouver derrière ces guerres les grandes sociétés en rivalité pour mettre la main sur des matières premières, des ressources ou des marchés.

Notre petit impérialisme, qui prêche tant l’austérité et les économies aux classes exploitées d’ici, trouve le moyen de mener des guerres, du Mali à la Centrafrique, pour les maintenir dans sa zone d’influence. Les prétendus socialistes au pouvoir comme leurs prédécesseurs de droite copinent avec le régime moyenâgeux d’Arabie saoudite et les dictateurs d’Égypte ou d’Afrique noire, pour leur vendre les armes qui alimentent les guerres locales et servent à réprimer leurs propres peuples.

Alors, évoquer une planète sans guerre, ou même seulement sans arme atomique, est une utopie et un mensonge, tant que l’ordre mondial est entre les mains de la bourgeoisie impérialiste.

La classe ouvrière, l’ensemble de ceux qui sont exploités en temps de paix et massacrés en temps de guerre, est la seule classe sociale présente partout dans le monde qui a la force de détruire cet ordre social et d’en bâtir un autre, dont seraient bannies la propriété privée des moyens de production, l’exploitation, la concurrence et les guerres. Elle en prendra nécessairement conscience.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 10 août 2015

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