Porto Rico : une dette que la population paie05/08/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/08/PuertoRicoLarge.jpg.420x236_q85_box-0%2C67%2C1436%2C874_crop_detail.jpg

Dans le monde

Porto Rico : une dette que la population paie

Le gouvernement de l’île de Porto Rico, dans la Caraïbe, avec ses 3,7 millions d’habitants, n’a pas pu rembourser le 3 août une dette de 58 millions de dollars à un organisme financier public. Il a donc été déclaré en défaut de paiement, tout comme la Grèce en juin quand elle n’a pas remboursé le FMI.

Illustration - une dette que la population paie

Porto Rico est officiellement un État semi-indépendant associé aux États-Unis, qui l’ont annexé en 1898 sans en faire pour autant un État membre à part entière de leur fédération. Ce statut à part a permis aux banques d’exiger de Porto Rico des taux d’intérêts trois à quatre fois plus élevés que ce qu’elles pratiquaient pour les prêts aux grandes villes et aux États américains, saignant les finances locales. Ces banques ont aussi gagné beaucoup d’argent en spéculant autant que possible avec les titres de la dette de Porto Rico. Quand ceux-ci ont perdu de la valeur, elles les ont replacés auprès des petits investisseurs américains qui ont acheté au prix fort des papiers (junk bonds) ne valant plus grand-chose.

Les fonds de Porto Rico sont en fait depuis longtemps dépendants des financiers, la dette de l’île atteignant 72 milliards de dollars. Les autorités locales ont réagi ces dernières années en courtisant les millionnaires. Prétendant attirer les investisseurs sur l’île, elles les ont exonérés d’impôts locaux en 2012, ce cadeau s’ajoutant au fait qu’on ne paie déjà pas sur l’île l’impôt sur le revenu américain. Et cela alors que les entreprises ne sont assujetties qu’à un dérisoire impôt sur les bénéfices de 4 %. Pas étonnant que les hôtels et résidences de luxe, les marinas et les golfs soient devenus un investissement attractif pour quelques bourgeois affairistes.

Loin de la rendre prospère, cette politique a contribué à mettre l’économie locale à genoux. Comparé aux États-Unis, le taux de chômage y est le double quand le revenu médian est de moitié inférieur.

Le gouvernement local s’est engagé dans la réduction des dépenses liées aux services publics. Il y a deux ans, une mesure visant à réduire les retraites des enseignants avait été repoussée victorieusement par deux jours de grève, pourtant considérée comme illégale. À présent il s’attaque aux écoles : après en avoir fermé déjà 100, il veut en fermer 560 autres. Les gouvernants veulent aussi réduire le salaire horaire minimum (7,25 dollars de l’heure actuellement), bien qu’il soit déjà inférieur de 45 % au smic horaire en France.

L’assurance-maladie qui bénéficie aux personnes âgées, tout comme celle qui permet aux plus pauvres de se soigner sont en perdition, d’autant plus que le gouvernement fédéral d’Obama a prévu de cesser son aide en la matière en 2016. Déjà 3 000 médecins ont quitté l’île ces cinq dernières années laissant les malades à leur sort.

Cette crise de la dette n’a profité qu’aux financiers qui ont dépecé l’économie portoricaine, laissant l’île en faillite. Pour toute réponse le gouvernement voudrait imposer à la population de payer la dette au prix fort.

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