États-Unis : le coup d’épée dans l’eau d’Obama05/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2453.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : le coup d’épée dans l’eau d’Obama

Barack Obama a annoncé le 2 août un plan pour lutter contre le réchauffement climatique. Il veut faire baisser la quantité de gaz à effet de serre émis par les centrales électriques américaines de 32 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2005 et faire passer aux États-Unis la part des énergies renouvelables de 13 à 28 % en quinze ans.

Accompagnant cette décision d’un solennel « il n’y a pas de défi constituant de plus grande menace pour notre avenir et pour les générations futures que le changement climatique », Obama aura au moins reçu le soutien de François Hollande qui prépare la conférence climatique mondiale qui se tiendra à Paris en décembre. Les deux présidents ont en commun de choisir le terrain du changement climatique pour tâcher de se donner le beau rôle de sauveur de l’humanité. Et comme les effets – ou le manque d’effets – de leur politique, qui est surtout faite de déclarations, ne seront perceptibles que bien après qu’ils auront terminé leur carrière politique, ce terrain a leur faveur.

Reste que le problème des gaz à effet de serre est réel. Le plan d’Obama, s’il devient réalité, devrait contraindre bien des centrales à charbon à modifier de façon importante leurs procédés industriels ou à fermer. Or les capitalistes qui ont investi dans le charbon ne l’entendent pas de cette oreille. Ils hurlent à la mort, à la faillite et à la destruction massive d’emplois si on les contraint à quoi que ce soit. Et à voir la passivité des autorités américaines, notamment celles de la protection de l’environnement, devant la frénésie des propriétaires de mines à décapiter des montagnes entières dans le Kentucky et la Virginie-Occidentale pour en accaparer le charbon, on se doute qu’ils ont le bras long.

D’ici à 2030 les lobbyistes à leur service s’agiteront pour faire échec à toute restriction de la liberté des capitalistes d’exploiter et de détruire l’environnement. Déjà quand d’autres économistes parlent seulement de 8,4 milliards, ils chiffrent à 100 milliards de dollars le coût du plan d’Obama, dans l’espoir de décrocher des aides pour les industriels du charbon.

Toute une catégorie de politiciens se met d’ores et déjà à leur service. Obama a pris soin de donner à son plan la forme d’un décret de l’Agence américaine de l’environnement, plutôt que celle d’une loi qui aurait toutes les chances d’être bloquée par les sénateurs et représentants qu’il ne contrôle pas au Congrès. Mais ce sont maintenant des gouverneurs d’États qui ont pris la tête de la fronde. En effet, le plan d’Obama prévoit de répartir les réductions d’émission de gaz à effet de serre entre les cinquante États de la fédération, leur donnant jusqu’à 2018 pour présenter chacun un plan applicable en 2022. Une douzaine de gouverneurs ont déjà annoncé qu’ils contesteraient la mesure devant la Cour suprême, une manœuvre juridique ayant pour but d’allonger ce délai de plusieurs années.

Le caractère contraignant du plan climatique est d’emblée atténué puisqu’il est prévu un système de quotas de droits à polluer que les États pourront s’échanger. Quand on se rappelle la totale inefficacité et les scandales occasionnés par un tel système mis en route en 2005 en Europe, on peut douter de la réelle efficacité des mesures annoncées à Washington.

Que le réchauffement climatique soit à terme un problème majeur de l’humanité, beaucoup en sont convaincus. Mais les solutions ne viendront pas d’Obama ou de Hollande. Car il n’est pas question pour eux d’empêcher les industriels de tout faire pour gagner leur course aux profits, au mépris des ouvriers qu’ils exploitent, des populations qu’ils pillent et de l’environnement qu’ils détruisent.

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