Contre-vérités et propagande05/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2453.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contre-vérités et propagande

Au moment, où la question des migrants de Calais occupe l’actualité, on entend nombre de bobards autour de l’idée que « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».

Cette affirmation mille fois répétée par les politiciens de droite, et de gauche, depuis que son auteur le socialiste Michel Rocard, alors Premier ministre, la prononça en 1989, fait référence. Mais derrière ce qui semble relever d’un gros bon sens se camouflent des contre-vérités et des exagérations délibérément calculées.

Toute la misère du monde ?

Comme s’il s’agissait d’accueillir toute la misère sévissant sur la planète ! Cette misère touche en réalité des pays, voire des continents, dans lesquels la quasi-totalité de la population n’a pas d’autre choix que de rester là où elle est née. Les migrations, si elles ont augmenté ces derniers temps, restent marginales au regard de la population des pays riches de l’Europe. Elle est marginale aussi comparée à des mouvements de populations qui ont eu lieu à d’autres périodes, sans qu’ils se traduisent par une régression des pays d’accueil. Au contraire !

Les pays riches, à commencer par le plus riche d’entre eux, les États-Unis, se sont développés grâce à des migrations massives et quasiment continues. Mais c’est tout aussi vrai de pays comme la France, dont l’économie a profité de l’afflux de migrants venus d’Italie pour travailler dans les mines de Lorraine, de Polonais dans les mines du Nord, de Portugais et d’ Espagnols, de travailleurs d’Afrique du Nord qui se sont retrouvés sur les chaînes des usines automobiles. Quand des manifestants crient « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés », ce n’est pas qu’un slogan, c’est le résumé d’une réalité vivante.

Un vieil épouvantail

La peur d’envahisseurs venus d’ailleurs est une vielle ficelle utilisée par les démagogues de tout bord. Pendant des décennies ils ont agité la menace du « péril jaune », pour la remplacer par celle venue du Moyen-Orient ou d’Afrique. Ils échangent les habits de l’épouvantail, mais c’est toujours la même méthode.

Le gâteau trop petit pour le partager ?

Mensonge là encore. Quand les dirigeants politiques prétendent qu’on ne peut pas partager la « galette de la France » ou d’un pays comparable, ils omettent de dire que la part des riches, loin d’y diminuer, reste la même, quand elle ne grossit pas. Ces riches ne partagent rien – ni avec les nouveaux migrants, ni avec les travailleurs du pays. Il suffirait pourtant de prendre sur leur part pour pouvoir accueillir tous ceux qui, à travers mille périls, tentent d’atteindre l’Europe.

Ce serait une question de justice, car une partie de la fortune de ces riches provient du pillage des pays dont viennent ces migrants, pillage des richesses de leur sol et de leur sous-sol, auquel s’ajoute un colossal pillage humain. Car le trafic d’esclaves, en même temps qu’il enrichissait les bourgeois négriers de Bordeaux ou de Nantes, vidait des régions entières d’Afrique de leurs populations.

Pour ne pas avoir à accueillir ceux qui fuient l’insécurité, il faudrait cesser de la provoquer

Pour toute personne de bonne foi, l’insécurité qui règne au Moyen-Orient et dans certains pays d’Afrique a pour origine les interventions des grandes puissances, en premier lieu les États-Unis, pour protéger leurs intérêts économiques. Elles sont responsables du chaos qui y domine et du même coup de l’afflux des hommes, femmes et enfants qui essayent d’y échapper. Ce serait la moindre des choses qu’elles en assument les conséquences, en accueillant les victimes innocentes de leurs agissements. Mais il faudrait surtout qu’elles cessent de mettre de l’huile sur le feu dans ces régions.

Au lieu de cela, elles augmentent la hauteur de leurs barbelés. Mais elles voudraient, en plus, ériger des barbelés psychologiques dans les têtes, afin de dresser les peuples les uns contre les autres, en essayant de faire croire que les migrants sont nos adversaires. Ne tombons pas dans ce piège.

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