Solvay – Saint-Fons : gravement brûlés pour produire à tout prix29/07/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/07/Solvay-Tavaux-LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C60%2C640%2C420_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Solvay – Saint-Fons : gravement brûlés pour produire à tout prix

Lundi 6 juillet, un accident très grave a eu lieu sur le site Solvay de Saint-Fons chimie, près de Lyon : deux travailleurs de l’entreprise Fouré Lagadec, sous-traitant chargé de la maintenance, ont reçu une projection de produit à une température d’environ 100 degrés alors qu’ils changeaient une pompe. L’un d’eux a dû être conduit en urgence à l’hôpital, avec des brûlures étendues, nécessitant très certainement une greffe de la peau.

Illustration - gravement brûlés  pour produire à tout prix

L’accumulation de plusieurs dysfonctionnements, dus à la politique d’économies, et le choix de produire à tout prix fait par la direction de Solvay expliquent cet accident. Ainsi ce même lundi, les effectifs de Fouré Lagadec venaient de passer de 9 à 7 salariés, au prétexte que la charge de travail aurait diminué, le donneur d’ordres Solvay faisant fortement pression sur les entreprises extérieures pour réduire les coûts.

La fuite sur cette pompe était connue depuis mi-juin. Mais la direction avait fait le choix de ne pas réparer et de mener la pompe « jusqu’au bout ». Résultat, l’intervention a dû avoir lieu en urgence, lundi à 14 h.

Or, ce jour-là, on était au plus fort de la canicule à Lyon, le thermomètre dépassant les 35°C ; à 14 heures les mécaniciens, sur le pont depuis le matin, étaient déjà fatigués, avec des températures voisines de 50°C dans les ateliers. La direction de Solvay avait d’ailleurs sorti une belle note sur la canicule, donnant des conseils de vigilance, évoquant le risque d’épuisement dû à la chaleur, mais sans prendre de mesure pour aménager les horaires ou la charge de travail. Elle aurait pu également décider d’arrêter la production jusqu’au lendemain matin, pour que l’intervention se fasse à une heure où les salariés ne sont pas encore écrasés par une matinée de chaleur. Mais elle ne voulait surtout pas perdre de la production.

Circonstance aggravante pour la direction : dans l’atelier concerné, les travailleurs de Solvay n’étaient pas au complet cet après-midi. Un intérimaire et un travailleur en contrat de qualification ont dû gérer l’arrêt de la chaîne et faire la mise à disposition pour les travaux.

Dans ces conditions, l’accident était prévisible. La direction a beau répéter sur tous les tons que « rien ne se fait au détriment de la sécurité », la réalité, c’est que ces travailleurs ont été sacrifiés pour quelques tonnes de production en plus.

Partager