RATP ligne 5 : la sécurité, c’est pas automatique22/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2451.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

RATP ligne 5 : la sécurité, c’est pas automatique

La ligne 5 du métro parisien (Bobigny – Place-d’Italie) a été totalement fermée les 18, 19 et 20 juillet. La RATP entendait mettre la dernière main à la mise en place d’une technologie nouvelle, la signalisation embarquée, censée améliorer la fluidité d’une ligne très chargée.

Le métro parisien fait face à une augmentation constante du nombre de voyageurs. La fréquentation, qui était de un milliard de voyageurs par an il y a vingt ans, frôle aujourd’hui les 1,5 milliard. Les rames sont souvent bondées, dont celles de la ligne 5, qui dessert successivement la gare du Nord (la plus fréquentée du réseau) et la gare de l’Est.

Jusqu’à maintenant, il n’était pas possible d’augmenter le nombre de rames aux heures de pointe pour des raisons de sécurité. Sur toutes les lignes, la distance de sécurité entre les trains est assurée par des zones tampons délimitées par deux signaux d’espacement. Ce système a fait ses preuves en matière de sécurité. Pourtant, afin d’augmenter la capacité de transport de la ligne, la RATP va le supprimer. C’est un dispositif électronique mis au point par Siemens qui régira la distance entre les trains, de façon à réduire celle-ci au maximum. Les conducteurs n’auront plus à tenir compte des signaux ou des tableaux indicateurs de vitesse implantés sur la voie. Ceux-ci seront annulés et c’est un écran d’ordinateur situé dans la cabine de conduite qui indiquera la vitesse de conduite, ou l’ordre de s’arrêter. Sur la ligne 5, sur la soixantaine de signaux d’espacement qui existaient jusqu’alors dans les interstations, seuls 7 seront conservés, pour servir en cas de mise hors service pour maintenance du nouveau système. La RATP soutient que ce nouveau système est parfaitement sûr. Souhaitons-le.

La RATP envisage d’étendre ce système sur d’autres lignes. Que le métro se modernise, qu’il y ait plus de rames de métro, personne ne peut être contre. À condition que cela ne se fasse ni au détriment de la sécurité des voyageurs, ni au détriment des conditions de travail. Or, à la RATP comme partout ailleurs, les dirigeants n’ont plus que le mot productivité à la bouche. Ce qui, traduit du langage capitaliste, veut dire plus de travail avec moins de monde.

La Régie espère qu’avec le nouveau système elle pourra, en plus d’accroître le nombre de rames, ramener le temps de trajet entre les deux terminus de 35 à 32 minutes. Tant mieux pour les usagers ! Mais il n’y a aucune raison que les conducteurs n’en profitent pas aussi. Il ne faut pas que la RATP utilise ce système comme prétexte pour augmenter la charge de travail.

Officiellement, la Régie affirme qu’il n’est pas question de remettre à plat les services actuels. Sans doute craint-elle les réactions des conducteurs, qui savent être dans leur bon droit. Comme le dit l’un deux : « La technique, ça doit servir à faire avancer la société, pas à faire reculer nos conditions de travail. »

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