Santé : soigner la finance aux dépens de la population08/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2449.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé : soigner la finance aux dépens de la population

Dans son rapport annuel, le conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) se propose de concrétiser le plan gouvernemental d’économies sur la santé.

« Parmi mes patients, j’ai beaucoup d’ouvriers et de professions difficiles », déclare cette médecin généraliste des Yvelines citée par Le Monde, en colère contre un courrier de l’Assurance-maladie la rappelant à l’ordre pour des arrêts-maladie jugés trop nombreux. Elle ajoute, en pensant à ses patients : « J’allais leur dire quoi ? Vous, oui, vous, non, parce que je dois en faire moins ? »

Une telle pression sur les médecins qui délivrent « trop » d’arrêts-maladie n’arrive pas par hasard, c’est l’une des trente et une recettes de la CNAM pour faire des économies, au côté d’une diminution des journées d’hospitalisation pour les maternités ou après une opération orthopédique. Les hôpitaux sont priés de dégager de nouvelles marges financières autour des actes chirurgicaux, en diminuant les coûts de revient. Les trajets effectués en ambulance avec du personnel médical étant jugés trop coûteux, chaque hôpital pourrait recevoir une enveloppe financière transport qui le contraigne à remplacer 20 % de ces transports couchés par des taxis.

Le rapport laisse entendre que l’intérêt des malades pourrait être préservé par un recours accru à la médecine de prévention. Mais ce ne sont que des mots, vu les coups portés à la médecine du travail et la réduction des moyens des hôpitaux.

Une autre source d’économies, selon la CNAM, résulterait d’un usage plus répandu de médicaments génériques. Mais quand il n’en existe pas et qu’un laboratoire demande un prix faramineux, par exemple pour un nouveau médicament contre l’hépatite C, il n’est pas question de lui imposer de le vendre à prix coûtant. La seule mesure préconisée est de réduire les prescriptions en prenant en compte un bon rapport coût-efficacité des traitements. Autrement dit, un médicament moins efficace serait préféré, si son coût est moindre !

Ainsi, le gouvernement dispose, avant même la préparation du budget de la Sécurité sociale prévue à l’automne, de nombreuses pistes pour que la santé soit encore davantage sacrifiée, tandis que les hôpitaux continuent de rembourser des emprunts à taux élevés auprès des banques.

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