Grèce : après le référendum, le chantage des dirigeants européens continue08/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2449.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : après le référendum, le chantage des dirigeants européens continue

Le référendum qui a vu 61,3 % des électeurs rejeter les exigences des créanciers de la Grèce constitue une incontestable victoire politique pour Alexis Tsipras.

Après que ce dernier a annoncé cette consultation, les représentants de l’Union européenne (UE) et du FMI ont mis fin aux négociations en cours, refusant d’accorder à la Grèce une nouvelle aide, la condamnant à une quasi-asphyxie financière. Ils escomptaient que la population grecque, confrontée à la fermeture des banques et à la paralysie de l’économie, se retourne contre son gouvernement. En Grèce même, les principaux partis, le Parti socialiste grec, le Pasok, et le parti de droite, la Nouvelle démocratie, ont fait activement campagne pour le oui, appuyés par les principaux médias et par les organisations patronales, autour d’un unique argument : il fallait tout accepter pour rester dans l’Europe.

Ce chœur des partisans de la soumission à la dictature des financiers en a été pour ses frais. Refusant de se laisser intimider et de céder au chantage des dirigeants européens, les masses populaires ont exprimé un vote de dignité et de refus de l’austérité.

Pour autant, ce vote, pas plus que les précédents, ne peut suffire à sortir la Grèce des griffes des financiers. Ainsi, à peine les urnes rangées, on a pu entendre Merkel, Hollande et Juncker reprendre un même discours, exigeant que Tsipras fasse des « propositions concrètes », s’engageant à mener des « réformes », c’est-à-dire de nouvelles attaques contre sa population.

Tsipras n’avait jamais souhaité rompre avec ses homologues européens. Tout en menant sa campagne pour le non, il avait même fait de nouvelles propositions concernant l’augmentation de la TVA et la réforme du système de retraite, l’âge de départ devant être porté progressivement à 67 ans, acceptant la remise en cause de l’EKAS, une prime destinée à compléter les petites retraites. Tsipras n’a jamais prétendu être le représentant des intérêts des classes populaires. Son objectif se limitait à tenter de défendre la souveraineté nationale de la Grèce, foulée aux pieds par les représentants des institutions européennes.

Au lendemain du référendum, il s’est posé en représentant de tous les Grecs, recevant le soutien de l’ensemble des partis politiques, à l’exception de l’organisation d’extrême droite Aube dorée. C’est sur cette base qu’il a repris le chemin de Bruxelles, en réaffirmant que sa priorité était d’obtenir un allégement de la dette.

En gage de bonne volonté, il a sacrifié son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, jugé trop remuant par les négociateurs européens. Cela témoigne de la volonté de Tsipras de se montrer conciliant. Mais les dirigeants européens entendent faire une démonstration politique à destination de tous les peuples de l’Europe qui pourraient être tentés de suivre l’exemple grec. Adoptant une posture de fermeté, à l’issue de la réunion qui s’est tenue mardi 7 juillet, ils ont adressé à la Grèce un ultimatum, lui donnant jusqu’au dimanche 12 juillet pour accepter leurs exigences, la menaçant d’une expulsion de la zone euro en cas de refus.

Dans cette lutte pour défendre les intérêts nationaux de la Grèce, Tsipras prétendait s’être fixé une ligne rouge à ne pas franchir, qui consistait à ne pas s’attaquer aux conditions de vie des plus pauvres. Mais il a déjà commencé à reculer sur ce terrain. Après avoir voté contre l’austérité, les travailleurs et les classes populaires grecs auront intérêt à continuer d’exprimer leur refus de payer pour une dette qu’ils n’ont pas faite, en surveillant de très près ces négociations qui se mènent au-dessus de leurs têtes et en continuant à montrer que leur détermination n’est pas entamée.

Partager