EDF R&D : temps de travail, le forfait de la direction01/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2448.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF R&D : temps de travail, le forfait de la direction

Depuis le début de l’année, la direction d’EDF a décidé d’ouvrir des négociations sur le temps de travail, avec l’objectif annoncé d’« allonger la durée du travail pour améliorer les performances de l’entreprise ». Elle voudrait notamment imposer aux 30 000 cadres du groupe le système du « forfait jours » qui autoriserait des journées à rallonge de 13 heures. La dernière séance s’est achevée le 3 juin.

Ce projet ferait perdre jusqu’à 13 jours de RTT à ceux qui sont actuellement à 35 h hebdomadaires. Quant à ceux qui sont à 32 h, pour maintenir leurs 52 jours de RTT annuels, ils devraient subir une baisse de 20 % de leur salaire. Ce n’est pas la petite carotte de 4,6 % d’augmentation du salaire – ou au choix 10 000 euros en une seule fois – liée à l’acceptation du forfait jours, qui y changerait grand-chose. Le salaire horaire, dans tous les cas, baisserait considérablement. Et quand on sait qu’EDF a réalisé 3,7 milliards d’euros de bénéfices l’an dernier, en augmentation de 5,2 % par rapport à l’année précédente, il n’y a vraiment aucune raison d’accepter le moindre recul.

Reste un problème pour la direction : l’opposition très majoritaire des agents partout dans le groupe.

Ainsi, dans l’unité Recherche et Développement d’EDF, la moitié du personnel est à 32 h. Il y aurait donc beaucoup à perdre. Une pétition dénonçant le projet a déjà recueilli mille signatures sur les 2 100 agents de l’unité.

De son côté, la direction fait comme si son projet était inéluctable mais en même temps se sent obligée d’intensifier sa propagande en faisant donner ses chefs dans de multiples réunions. Cela se passe souvent mal. Ils ont du mal à expliquer par exemple qu’un cadre au forfait, prétendument « autonome » pour gérer son temps, serait en même temps contraint à une activité d’équipe, soumis à des règles sur l’utilisation du temps imposées par le « manager ». Lorsqu’un chef reprend l’argumentaire de la direction « il faut savoir vivre avec son temps, ne pas être en dehors du monde », il n’est pas rare que quelqu’un lui réponde vertement : « Vivre avec son temps, c’est quoi ? C’est accepter le chômage et ce projet qui va encore l’augmenter ? »

Des assemblées ont réuni sur les trois sites de la R&D environ 200 travailleurs en tout. L’assemblée du site de Clamart a décidé il y a une quinzaine de jours d’envahir le Comité d’entreprise : le directeur et la DRH ont dû répondre pendant près d’une heure aux interpellations des agents. À l’assemblée de Chatou, une motion a été votée par les participants, pour réaffirmer l’opposition au projet, revendiquer des embauches pour compenser les dépassements d’horaires actuels mais aussi pour exiger que les directions syndicales ne se rendent pas aux ateliers prévus en juin pour discuter des modalités de mise en œuvre du projet, puisqu’elles disent le dénoncer.

Mais comme certains l’ont rappelé, c’est le rapport de force imposé par les travailleurs qui fera reculer la direction. Et la plupart ont la ferme intention de continuer la mobilisation, alors que l’idée d’une grève commence à se faire jour.

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