Impôt retenu à la source : les patrons « retiennent » déjà beaucoup trop !24/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2447.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Impôt retenu à la source : les patrons « retiennent » déjà beaucoup trop !

François Hollande a annoncé que, en 2018, l’impôt sur le revenu serait prélevé directement chaque mois sur le salaire ou la pension de retraite des contribuables. Les entreprises et les caisses de retraite retiendraient cet impôt et le reverseraient à l’État. Le gouvernement parle de justice fiscale à propos de cette mesure. Mais bien malin qui peut y voir un quelconque avantage pour les travailleurs.

Par contre les Finances publiques prévoient déjà 2 000 suppressions de postes en 2015. On peut parier que cette réforme serait le prétexte à une nouvelle compression des effectifs, qui alourdira la charge de travail des agents, et qui dégradera le service rendu aux contribuables.

Les entreprises seraient de plus au courant des informations confidentielles concernant les salariés, pour établir le montant de l’impôt, peut-on s’inquiéter. Le gouvernement propose donc que ces informations ne soient communiquées qu’aux banques, qui indiqueraient aux entreprises le montant à déduire de la feuille de paie. Tout devoir dire à son banquier, ça n’est guère satisfaisant non plus...

Remarquons que les patrons sont déjà chargés de récolter la TVA et de la reverser à l’État. Or c’est cette taxe qui fait l’objet du plus grand nombre de fraudes. Selon la Commission européenne, 15 % de la TVA ne sont pas reversés à l’État, soit 25 milliards d’euros. Il en est de même pour la fraude aux cotisations sociales. La Cour des comptes estime que ce sont 25 autres milliards d’euros que les patrons ne versent pas aux Urssaf chaque année. Alors, demander à ces mêmes patrons de gérer l’impôt sur le revenu, c’est comme confier au renard les clés du poulailler. Cette réforme ouvre la porte aux dissimulations, aux montages opaques, aux rétentions de sommes associées à un chantage à l’emploi, aux faillites organisées...

Mais le vrai problème n’est pas de savoir comment l’État récupère une partie du salaire des travailleurs. Le scandale réside justement dans la nature même de cet impôt. Le salaire que reçoit le travailleur n’est qu’une petite partie des richesses qu’il a créées, et que le patron s’approprie d’autorité. Faire payer des impôts sur le salaire, ou sur la retraite, qui est un salaire différé, cela n’est rien d’autre que du vol. Les impôts ne devraient être prélevés que sur la part des richesses que les capitalistes s’accaparent, autrement dit sur les profits qu’ils tirent de l’exploitation. Et c’est les travailleurs qui devraient se charger de « retenir à la source » les richesses qu’ils créent.

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