Affaire Pérol : pantouflage doré24/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2447.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Pérol : pantouflage doré

Un ex-secrétaire général adjoint de l’Élysée de Sarkozy, François Pérol, devenu depuis président du groupe Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE), se retrouve au tribunal pour prise illégale d’intérêts. Sera-t-il condamné ? Pas sûr.

La prise illégale d’intérêts, ce ne sont pas les agios que les banques font payer à leur clientèle mais le fait qu’un fonctionnaire d’État ne peut « bénéficier d’une décision à laquelle il a pu contribuer vu ses responsabilités ».

Or, quand il était secrétaire général adjoint de Sarkozy, Pérol a participé aux négociations de fusion entre la Banque populaire et les Caisses d’épargne. Et par la suite, Sarkozy l’a nommé à la tête de ce groupe bancaire.

Les juges soupçonnent donc une manœuvre concertée pour que Pérol se retrouve au bout du compte à la tête du groupe bancaire. Qu’un haut fonctionnaire d’État se retrouve ainsi à la tête d’un groupe privé, c’est ce qu’on appelle « pantoufler ». C’est aussi une forme de corruption théoriquement illégale mais assez répandue, avec 39 cas recensés rien que pour l’année 2012. Il s’agit de récompenser par une sinécure les bons et loyaux services d’un haut fonctionnaire.

Voir un haut fonctionnaire passer du service de l’État à celui d’une grande entreprise est cependant dans l’ordre des choses. Après tout, les grands serviteurs de l’État passent le plus clair de leur temps au service des grands capitalistes, dont ils mettent en œuvre l’essentiel des exigences. Loin de défendre l’intérêt général comme il le prétend, l’État se montre au service quasi exclusif du grand capital.

Bien sûr, Pérol se défend de toute manœuvre. À l’en croire, il a à peine suivi les négociations de fusion et s’il est maintenant à la tête de BPCE, c’est du seul fait de Sarkozy. En théorie, il encourt deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Mais la justice est généralement clémente dans ce genre d’affaire. Sur les 39 cas évoqués plus haut, un seul a été sanctionné et l’amende ne dépassait pas 7 500 euros.

On verra comment finira le procès Pérol, mais tout indique que les hauts fonctionnaires n’ont pas fini de pantoufler.

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