Travail au noir, profits en plein jour27/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2443.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travail au noir, profits en plein jour

L’Urssaf vient d’annoncer le bilan annuel de sa chasse au travail dissimulé et aux cotisations sociales non payées. Année après année, ce bilan ne cesse de croître. Près de 400 millions d’euros ont été réclamés à des entreprises fraudeuses en 2014, dix fois plus qu’il y a dix ans.

Si le travail au noir augmente, il n’a pas nécessairement été multiplié par dix en dix ans. C’est surtout la chasse aux fraudeurs qui s’est intensifiée. L’État et la Sécurité sociale sont endettés jusqu’au cou et cherchent donc de plus en plus âprement à récupérer l’argent qui leur est dû.

L’Urssaf déclare que les entreprises les plus épinglées sont celles du bâtiment et du gardiennage. Il est certain que dans nombre d’entreprises de ces secteurs, ou encore du nettoyage ou du commerce, le travail au noir n’est pas rare. Mais l’Urssaf trouve surtout là où elle cherche : contrôler le petit patron qui triche est une chose, s’attaquer aux grands groupes industriels en est une autre. Et puis les grands groupes industriels, eux, n’ont même pas besoin de tricher, car une énorme partie du déficit des caisses publiques découle justement des allègements de cotisations dont ils sont bénéficiaires.

Ces grands groupes sont aussi indirectement les réels profiteurs des arnaques à l’Urssaf des petits patrons. Car ces derniers sont bien souvent leurs sous-traitants. Et, en tirant les contrats de sous-traitance au plus bas, les donneurs d’ordres savent très bien qu’il y aura inévitablement des cotisations sociales non payées, du travail effectué non payé, des normes de sécurité non respectées, des horaires de travail déments,…

Le développement du travail au noir revient à baisser les salaires des travailleurs, car les cotisations qui doivent financer la Sécurité sociale sont du salaire différé. Et, même si l’Urssaf parvient à récupérer une part des cotisations qui lui sont dues, cela n’empêchera pas le patronat de continuer à y recourir.

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