Faire entendre le camp des travailleurs sur le terrain des luttes27/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2443.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Faire entendre le camp des travailleurs sur le terrain des luttes

Se disant satisfait de son début de quinquennat, Hollande se prépare pour une nouvelle campagne présidentielle. Du coup, il essaye de nous vendre son bilan.

Pour les travailleurs, ce bilan est accablant. Ses trois ans de présidence ont été trois années de hausse continue du chômage et de recul de la condition ouvrière. Et qu’il y ait eu 0,6 % de croissance au premier trimestre, au lieu des 0,4 % attendus, n’y change rien.

Que signifie en effet cette prétendue « reprise » dont se flatte le gouvernement, pour les salariés d’Intermarché, de Renault Trucks ou d’Areva menacés de licenciement ? Ou encore pour les ouvriers de la fonderie Sambre-et-Meuse, pour les chauffeurs routiers de Mory Global dont l’entreprise vient d’être liquidée ?

Et où est-il, ce bout du tunnel que les ministres nous annoncent périodiquement, pour les familles ouvrières qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ou pour celui qui pointe à Pôle emploi, entouré de milliers d’autres, et qui se retrouve face à des conseillers débordés par la situation ?

Cela n’empêche pas le gouvernement de rabâcher que sa politique porte ses fruits. Pour le grand patronat, c’est certain, et bien visible. Dassault, marchand de canons et figure de la droite réactionnaire, l’a lui-même reconnu. Il faut dire qu’avec plus de 60 Rafale vendus à l’étranger pour Hollande, contre zéro pour Sarkozy, il n’y a pas photo. Si la cote d’amour de Hollande était indexée sur le nombre de Rafale vendus, il n’aurait pas de problème pour être réélu en 2017.

Mais une poignée de parasites richissimes ne fait pas un pays ! L’écrasante majorité de la population est composée de travailleurs et de leurs familles, qu’ils soient au travail, au chômage ou à la retraite. Et si l’amélioration, toute relative d’ailleurs, des chiffres de l’économie mesure quelque chose, c’est la croissance de l’exploitation, une croissance dopée par la politique du gouvernement socialiste.

Presque chaque jour en effet, le grand patronat a eu droit à une avalanche de cadeaux : sur les retraites, sur la flexibilité, les mesures concernant le crédit d’impôt compétitivité emploi, le pacte de responsabilité, le travail du dimanche, l’affaiblissement des pouvoirs des Prud’hommes ou le recul des droits syndicaux annoncé avec la loi Rebsamen. En trois ans, Hollande a fait plus pour démanteler les droits des travailleurs et pour diminuer le « coût » du travail que Sarkozy n’en a fait en cinq ans !

Et, pas gêné, Hollande envisage de remettre ça en 2017, afin, disent ses partisans, de faire barrage à la droite et à l’extrême droite. Comme si le monde du travail n’avait pas compris que la politique de droite, il en subissait déjà lourdement les effets, avec ce gouvernement socialiste !

De Hollande à Le Pen, en passant par Sarkozy et Valls, ils sont tous dans leurs starting-blocks pour briguer le fauteuil présidentiel. À deux ans de l’échéance, on est bien en mal de pronostiquer le résultat de cette course. Mais on peut déjà dire que, si le monde du travail se laissait séduire, cette fois encore, à miser dans cette loterie électorale, il en sortirait à coup sûr perdant.

Sauf à se faire entendre sur un tout autre terrain, le terrain de classe, le terrain des luttes, là où les travailleurs, collectivement, sont une force, face à leurs exploiteurs et aux politiciens de tout bord à leur dévotion.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 25 mai

Partager