Autriche : la population payera pour les malversations des banques27/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2443.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Autriche : la population payera pour les malversations des banques

À partir des années 1990, toutes les banques autrichiennes ont mené une politique d’expansion effrénée en Europe du Sud et de l’Est, attirées par la perspective de profits rapides. Tant que tout allait bien, cela a procuré des profits substantiels, mais avec la crise financière de 2008 les problèmes se sont multipliés. Aujourd’hui les banques autrichiennes enregistrent des pertes cumulées de l’ordre de 44 milliards d’euros. Et deux d’entre elles, le Kommunalkredit et la Hypo Alpe Adria (HAA) sont en situation de quasi-faillite.

Le cas le plus significatif est celui de cette dernière, une banque régionale du sud de l’Autriche. HAA appartenait au Land de Carinthie, dont Jörg Haider, un politicien d’extrême-droite, mort en 2008, était à l’époque le ministre-président. En 2007, Haider avait vendu HAA à une banque bavaroise, la Bayern LB, déclarant que la Carinthie allait ainsi devenir riche. Il avait passé sous silence le fait que la garantie du Land restait engagée et qu’il avait négocié d’énormes pots-de-vin pour son profit personnel et celui de son parti. Mais rapidement les affaires se sont révélées véreuses.

Au fil du temps, beaucoup de choses ont été rendues publiques sur les méthodes de la banque : comptes dissimulés, soupçons de blanchiment d’argent, falsification de bilan, corruption à grande échelle, spéculation hasardeuse dans les Balkans, opérations financières dissimulées au Liechtenstein, investissements immobiliers douteux en Croatie, etc. Ce sont sans doute les pratiques de bien des banques, mais pour une fois elles ont été largement étalées sur la place publique, montrant en direct la folie du monde bancaire et la pourriture du monde politique. Il faut ajouter que la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur cette affaire semble bien impuissante, les autorités bancaires refusant de lui communiquer certains documents et « noircissant » ceux qu’elles communiquent, afin que les éléments et les noms intéressants ne puissent pas apparaître.

La HAA a été nationalisée en urgence en 2009 pour éviter une faillite, dont les milieux financiers ne voulaient surtout pas, car elle aurait terni le « crédit international » du pays auprès des investisseurs. Cela revenait évidemment à nationaliser les pertes… et à faire payer le contribuable pour combler le trou et liquider l’affaire. Du coup c’est la Carinthie, qui est aujourd’hui en quasi-faillite, avec des conséquences sur les services publics comme les embauches gelées, et le manque de fonds pour faire fonctionner écoles et hôpitaux... L’État fédéral a dû s’engager et au total la faillite de la Hypo Alpe Adria devrait coûter au contribuable autrichien environ 20 milliards d’euros. La facture est chère pour une seule banque régionale d’un petit Land de 500 000 habitants ; elle représente 50 % des dépenses annuelles de santé de toute l’Autriche.

C’est ainsi la population laborieuse, sur le plan national comme régional, qui paye pour les malversations des banques…et pour que celles-ci puissent continuer à nuire, quitte à provoquer un prochain krach.

Partager