Autocars : un pont d’or pour les transporteurs27/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2443.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Autocars : un pont d’or pour les transporteurs

Présentant son projet de loi de libéralisation des lignes d’autocars, Macron, ministre de l’Économie, avait déclaré que désormais, avec des tarifs dix fois moins élevés que ceux du train, « les pauvres pourront voyager ». Banquier d’affaires devenu ministre d’un gouvernement PS qui multiplie les cadeaux au patronat, Macron ne cache pas son mépris de classe pour ceux qui ne sont pas de son monde, lui qui a traité « d’illettrés » les ouvriers licenciés de Gad.

Quand Macron invoque l’avantage qu’auraient les pauvres à la généralisation du transport en autocars, c’est pour ne pas dire que les grands gagnants de l’opération seront les mastodontes du transport automobile de passagers.

Alors, les grands groupes du secteur piaffent d’impatience avant l’ouverture quasi totale, promise pour l’été, du marché français du transport routier de passagers longue-distance. Après les Eurolines, iDBus (filiale de la SNCF), Starshipper et le britannique Megabus, l’allemand FlixBus vient de se mettre sur les rangs. Car ce qu’on leur offre excite leur appétit. En Allemagne, où ce secteur a été libéralisé en 2013, il draine vingt millions de passagers par an. Pour la société FlixBus, ce sont 300 millions de chiffre d’affaires. En France, les parts du gâteau sont du même ordre de grandeur. Et elles ne peuvent que croître avec le désengagement constant du service public.

Depuis des décennies, les gouvernements ont tous poussé la SNCF à devenir rentable : en fermant des lignes secondaires, en donnant la priorité aux trains qui rapportent le plus, au détriment des TER, Corail, etc.

Résultat : le réseau ferré se réduit, des espaces de plus en plus vastes ne sont plus desservis, les trajets même entre grandes villes de province sont trop compliqués, trop longs ou inexistants.

Après avoir systématiquement désorganisé ce service public, les gouvernants ont beau jeu maintenant de vanter la souplesse, le moindre coût de l’autocar.

Bien sûr, c’est contradictoire avec le fait de prétendre combattre la pollution, dont celle des moteurs diesel qui équipent les autocars. Comme il est contradictoire de mener des campagnes sur la sécurité au volant, ou d’avoir envisagé d’obliger les poids lourds à traverser le pays sur des wagons spéciaux, et de donner maintenant le feu vert à des norias d’autocars qui vont sillonner routes et autoroutes !

On a là un nouvel exemple de l’irresponsabilité de ceux qui nous dirigent et de l’aberration sociale de leur système. Un système où prime l’intérêt, non pas de la collectivité, mais des grosses sociétés privées, et où l’on s’en remet à la concurrence et au marché pour organiser ce qui devrait l’être à travers des choix rationnels, faits en fonction de l’intérêt de la population.

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