Yémen : un pays plongé dans le chaos des milices25/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2434.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Yémen : un pays plongé dans le chaos des milices

Vendredi 20 mars, quatre kamikazes se sont fait exploser dans deux mosquées bondées de la capitale yéménite, faisant 142 morts et plus de 350 blessés. Cet attentat, visant la population de confession musulmane chiite et revendiqué par le groupe État islamique, est un des derniers épisodes de la guerre civile au Yémen.

Le Yémen a connu son « printemps arabe ». Comme en Tunisie, en Égypte ou en Syrie, à partir de janvier 2011 des manifestations populaires, toutes confessions religieuses confondues, ont ébranlé le dictateur Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1990. Même si ce dernier a dû partir et a été remplacé par son vice-président, Abd Rabo Mansour Hadi, la contestation sociale a échappé à la population. Et elle a laissé la place aux luttes de factions rivales puis aux luttes des milices.

En septembre 2014, les milices Houthis venant du nord du pays, où la population est majoritairement de confession chiite, se sont installées dans la capitale Sanaa. En janvier 2015, elles ont chassé du pouvoir le président Hadi, qui s’est réfugié dans le sud du pays, à Aden, région où des milices sécessionnistes, elles de confession sunnite, cherchent à obtenir la partition du pays.

En plus de ces bandes armées qui s’ajoutent déjà à l’armée officielle, il y a les troupes d’al-Qaida en péninsule Arabique (AQPA) qui ont leurs bases dans l’est du pays, et celles du groupe État islamique. Par l’attentat du vendredi 20 mars, celles-ci cherchent à concurrencer AQPA, en attisant les haines entre populations de différentes confessions, chiites et sunnites.

Ces forces, toutes plus réactionnaires les unes que les autres, sont en partie soutenues par les puissances régionales locales qui les financent et contribuent à les armer. L’Arabie saoudite se retrouve derrière le président Hadi et les milices sunnites du sud, l’Iran soutient les Houthis du nord, et les deux luttent contre al-Qaida et l’État islamique.

Malgré l’état de décomposition avancée du pouvoir central, révélé encore jeudi 19 mars par un coup d’État avorté d’une partie des forces spéciales, les grandes puissances continuent d’apporter leur soutien, au moins en paroles, au président Hadi. Mais au même moment les États-Unis viennent de retirer leurs forces spéciales qui étaient encore stationnées au Yémen. Ils préfèrent sûrement attendre de savoir quelles forces émergeront de ce chaos, pour chercher ensuite dans quel sens intervenir et aux côtés de qui, afin de sauvegarder leurs intérêts.

Cette nouvelle guerre civile a de terribles conséquences pour les populations de la région, mais pas seulement. Il faut se rappeler que les attentats du 7 janvier contre le journal Charlie Hebdo à Paris ont été revendiqués par AQPA, qui le même jour tuait 40 personnes à Sanaa dans un attentat contre l’académie de police de la ville.

Les grandes puissances utilisent, forment, financent des forces parmi les plus rétrogrades mais, tôt ou tard, celles-ci échappent à leur contrôle. Le chaos qu’elles ont provoqué est en passe de se généraliser, du Moyen-Orient à la péninsule Arabique et de la Libye à l’Afrique centrale.

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