Qatar : les esclavagistes des temps modernes25/03/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/03/p10010.jpg.420x236_q85_box-0%2C328%2C2358%2C1654_crop_detail.jpg

Dans le monde

Qatar : les esclavagistes des temps modernes

Une organisation humanitaire a déposé plainte contre le groupe du BTP français Vinci et sa filiale QDVC (Qatari Diar Vinci Construction) pour travail forcé et réduction en servitude. Car, sur les chantiers où se construisent les futurs stades et autres infrastructures ultramodernes de la Coupe du monde de 2022, les multinationales du BTP savent recourir aux méthodes d’oppression éprouvées.

Illustration - les esclavagistes des temps modernes

Les grandes multinationales du BTP attendent d’énormes bénéfices des milliards de dollars d’investissements pour la Coupe du monde de football dans ce richissime émirat gazier de la péninsule Arabique.

Mais les profits, comme les stades de football, ne tombent pas du ciel par miracle. Ces groupes ont dû aller chercher de la main-d’œuvre à l’étranger, en Inde, au Pakistan ou au Népal. Plus d’un million de travailleurs immigrés travailleraient aujourd’hui sur les chantiers. Et ce chiffre pourrait monter jusqu’à 2,5 millions d’ici à 2022.

Les ouvriers travaillent au minimum dix heures par jour, sans compter le temps de transport qui peut être de deux heures. Le seul jour de repos officiel est le vendredi… quand il est respecté. Et, même si le travail est censé s’arrêter aux heures les plus chaudes de la journée, des centaines d’ouvriers sont déjà morts victimes de crise cardiaque à cause de l’effort et de la chaleur.

Le salaire de base est officiellement de moins de 180 euros par mois. Mais, pour empêcher des travailleurs d’aller se faire embaucher sur un chantier concurrent pour un salaire plus élevé, les groupes du BTP confisquent les passeports des ouvriers. Et ils s’appuient sur le régime traditionnel dit du kafala ou tutorat, qui lie un employé à son patron et l’oblige à avoir le consentement de ce dernier pour quitter un emploi.

La directrice de l’ONG Sherpa, qui a porté plainte pour travail forcé chez QDVC, affirme que Vinci ne « respecte même pas les lois sociales locales, pourtant assez peu protectrices pour les travailleurs ». Elle dénonce aussi la complicité du gouvernement français, qui a « pris la décision de protéger les multinationales (…) pour qu’elles conservent un avantage compétitif sur leurs concurrents internationaux ». En réponse à ces accusations, le directeur de la filiale qatarie de Vinci s’est justifié en déclarant : « Nous gardions les passeports des ouvriers étrangers pour des raisons de sécurité, (…) pour éviter que les ouvriers ne se fassent voler leurs papiers. »

Pour la bourgeoisie, la seule loi qui vaille est celle de la jungle des profits. Et, quand elle fait des affaires dans un pays aux lois moyenâgeuses, elle n’a aucun scrupule à les utiliser.

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