Commerces et enseignes en franchise : salariés doublement exploités25/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2434.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Commerces et enseignes en franchise : salariés doublement exploités

Le salon de la Franchise vient de se tenir à Paris. En très forte augmentation sur la dernière décennie, 85 % selon les organisateurs du salon, la franchise regrouperait plus de 68 000 commerçants sous enseigne, dans des secteurs aussi différents que la distribution alimentaire (Franprix, Leclerc, Intermarché, Système U ou encore Carrefour), l’équipement de la personne ou de la maison, la restauration rapide ou les brasseries, l’hôtellerie, les salons de coiffure, les ateliers de réparation automobile (Midas, Speedy…), les fleuristes et même l’éducation, les services à la personne et depuis peu la pharmacie.

Ces enseignes, de quelques unités à plusieurs centaines d’établissements, étendent leur part de marché en s’appuyant sur un réseau croissant de points de vente. Les commerçants franchisés qui investissent dans ce type de commerce sont liés par un contrat exclusif à leur franchiseur, une grande marque ou pas, qui trouve là un moyen de faire financer son propre développement avec l’argent du franchisé. Celui-ci est souvent redevable d’un droit d’entrée, de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d’euros, auquel s’ajoute la plupart du temps une redevance sur son chiffre d’affaires, très variable, de 0,5 à près de 10 % suivant les enseignes. Il doit enfin acheter son fonds de commerce, payer un loyer, et embaucher lui-même des salariés s’il le juge nécessaire.

Comme on peut le constater, les propriétaires franchiseurs des enseignes sont donc bien les grands gagnants de ce système inventé par eux, même si certains franchisés, surtout lorsqu’ils possèdent plusieurs magasins, y trouvent également et largement leur intérêt. Outre la notoriété d’une grande marque, ils bénéficient en effet de l’apport d’une centrale d’achat et d’une aide technique et logistique pour le fonctionnement de leur magasin.

Cependant, un petit commerçant franchisé qui travaille seul ou en couple dans le magasin peut avoir du mal à en tirer un salaire correct, du fait de la baisse constante du chiffre d’affaires des commerces indépendants et du pouvoir d’achat des salariés. Et la réalité est même pire, si on en juge par le nombre croissant de faillites et de magasins fermés.

Mais ce sont surtout les grandes enseignes qui profitent du système de la franchise. Elles limitent leur propre risque en engageant elles-mêmes peu de capitaux, tout en contrôlant un marché en croissance par l’addition du nombre des franchisés. C’est une facette de la domination des grands capitalistes sur les petits.

Dans l’affaire, ce sont les salariés du franchiseur et des franchisés qui sont les plus exploités. Ces travailleurs font en réalité partie de groupes importants, allant jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de salariés à l’échelle du pays. Mais, juridiquement, les salariés d’un établissement franchisé ne sont que les employés d’une entreprise réduite souvent à l’échelle d’un magasin, même si le patron en a plusieurs, afin d’éviter qu’ils ne s’allient avec les autres salariés du groupement.

C’est bien le travail de tous les salariés de l’enseigne, ceux du franchiseur comme des franchisés, qui est à la base des profits que le système concentre au bénéfice des actionnaires des grandes marques.

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