Alexandre de Juniac : le patronat tel qu’en lui-même25/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2434.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Alexandre de Juniac : le patronat tel qu’en lui-même

Les Entretiens de Royaumont réunissent, selon leurs organisateurs, des politiques, des chefs d’entreprise, des artistes, afin qu’ils puissent débattre des graves problèmes qui taraudent l’humanité. Cadre magnifique, assistance triée sur le volet, restauration haut de gamme et huis clos absolu, tout est prévu pour que la pensée s’élève. Et, vu qu’il s’agit d’une sorte de fan-club de François Fillon, avec de vrais morceaux de Gattaz dedans, on se doute qu’elle atteint des sommets.

Et on n’est pas déçu. Une vidéo de l’intervention de décembre 2014 d’Alexandre de Juniac, PDG d’Air France, est arrivée sur Internet. Il y pérore sur le thème « Acquis sociaux face aux enjeux mondiaux ». Il affirme que ni la limitation du temps de travail ni la fixation de l’âge de la retraite n’ont de sens. Même l’interdiction du travail des enfants est discutable car « qu’est-ce que c’est qu’un enfant ? » La définition est variable, en effet. Celle d’un exploiteur est en revanche très claire et s’applique parfaitement à Juniac.

L’ambiance s’échauffant, sans même repasser par la buvette, Juniac explique alors que, ne pouvant modifier ni le prix du kérosène ni celui du matériel, il ne peut agir que sur le coût du travail et donc « mettre des limites aux acquis sociaux ».

C’est justement contre cette remise en cause des acquis sociaux, c’est-à-dire de leurs salaires et de leurs conditions de travail, que les pilotes d’Air France avaient fait grève quelques semaines auparavant. Juniac s’en étant ouvert au PDG de Qatar Airways, ce dernier lui aurait répondu qu’au Qatar on aurait mis les grévistes en prison. Tonnerre d’applaudissements du parterre patronal !

Bref, non seulement Juniac et ses semblables pratiquent la lutte des classes, mais ils en assument les conséquences. Il n’y a pas besoin de gratter beaucoup le vernis bon chic bon genre pour trouver l’avidité pour les profits, et le mépris envers les travailleurs.

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