Italie : chez Fiat la « reprise »… de l’exploitation18/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2433.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : chez Fiat la « reprise »… de l’exploitation

Le gouvernement Renzi a annoncé triomphalement la sortie de l’économie italienne de la récession et vanté les mérites de sa réforme du marché du travail, le Jobs Act, dont certains décrets d’application sont sortis. C’est le cas des nouveaux CDI, les « contrats à droits progressifs », entrés en vigueur le 1er mars. Ce que Renzi qualifie de « réforme historique », qui donnerait les mêmes droits à tous les travailleurs, est en réalité un gigantesque retour en arrière, qui permet au patronat de licencier sans quasiment aucune contrainte.

Et c’est ce contrat, devenu le seul contrat à durée indéterminée proposé dans le privé, qui est présenté comme une « arme contre la précarité » par Renzi !

S’il n’a pas de quoi enthousiasmer les travailleurs, il est plébiscité par le patronat… d’autant que celui-ci peut profiter en même temps des incitations fiscales mises en place par la dernière loi de stabilité, qui représentent 8 000 euros par an et par salarié pendant trois ans.

À la tête de l’ex Fiat, devenue Fca (Fiat Chrysler Automotives), son PDG Marchionne n’a pas de mots assez forts pour féliciter Renzi et le « modernisme » de sa réforme. Il prévoit l’embauche de plus de 1 000 ouvriers sous ce nouveau contrat dans l’usine de Melfi, dans le sud du pays, où sont produits de nouveaux modèles.

La production reprend et après des mois, voire des années, de chômage technique pour des milliers d’ouvriers de Fiat, Marchionne promet maintenant du travail à tous, ou presque tous. Ainsi à Melfi, une nouvelle organisation du travail prévoit la production en continu, les chaînes ne s’arrêtant que le dimanche entre 14 h et 22 h pour les travaux de maintenance.

Pour les travailleurs, cela se traduit par la mise en place de vingt équipes, sans réduction d’horaires ni réelle augmentation de salaire et avec des conditions de travail délirantes. Ainsi, un travailleur de l’équipeA commencerait à travailler le lundi matin à 6 heures, finirait sa semaine le samedi à 14 heures pour reprendre le dimanche à 22 heures pour une semaine de nuit, les jours de repos étant récupérés à la fin de cette deuxième semaine. En un mois, il n’aurait jamais un seul week-end complet.

Cela n’a pas empêché les syndicats de Melfi – à l’exception de la fédération métallurgiste de la CGIL, la Fiom – d’entériner l’accord proposé par la direction, malgré son rejet unanime de la part des travailleurs de l’usine.

À Turin, où des milliers de travailleurs de l’usine de Mirafiori sont toujours en chômage technique, Marchionne promet l’ouverture de nouvelles lignes de montage fin 2016, tout en ajoutant qu’il sera difficile d’y trouver une place pour les quelque 1 500 travailleurs aux « capacités de travail réduites », c’est-à-dire ceux marqués par des années de travail au montage et qui ne pourront pas suivre le rythme à la chaîne.

Des travailleurs contraints de se plier aux exigences du marché et d’accepter des conditions de travail démentes tant qu’ils sont encore valides, priés de débarrasser le plancher lorsqu’ils sont usés par l’exploitation : tel est le visage de la « reprise économique » qu’offrent le patronat et le gouvernement à son service.

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