Israël : Likoud et travaillistes, une même impasse18/03/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/03/Israel_p8.JPG.420x236_q85_box-0%2C120%2C1280%2C840_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Likoud et travaillistes, une même impasse

Malgré les pronostics qui le donnaient perdant, le parti de droite du Premier ministre sortant Netanyahou est arrivé en tête des élections au Parlement israélien, le 17 mars. Il remporterait près d’un quart des sièges et devrait pouvoir former une coalition avec les partis d’extrême droite de Lieberman et de Bennett.

Illustration - Likoud  et travaillistes,  une même impasse

Si la participation (72 %) est supérieure à celle enregistrée lors des dernières élections législatives anticipées de janvier 2013, la campagne « sécuritaire » de Netanyahou y est sans doute pour beaucoup. Par ailleurs, la rivale du Likoud, la coalition Union sioniste du travailliste Yitzhak Herzog et de Tzipi Livni, ministre du gouvernement sortant jusqu’en décembre dernier, n’a pas vraiment convaincu les électeurs.

Car la situation sociale désastreuse désespère une grande partie de la population : quinze ans de crise économique et un état de guerre permanent entretenu par le régime contre la population arabe de Gaza et de Cisjordanie, quand ce n’est pas en Israël même, y sont pour beaucoup. Le coût élevé de la vie, l’inflation à deux chiffres, avaient déjà provoqué d’importants mouvements à l’été 2012. Depuis, les inégalités ne font que croître, et, dans les classes populaires, Juifs comme Arabes vivent de plus en plus la précarité, du travail comme du logement. Tandis que la fortune des plus riches s’est accrue de 18 %, plus du tiers des enfants du pays vivent dans la pauvreté, selon l’Unicef, un taux supérieur à celui de la Grèce.

Le logement représente fréquemment la moitié du salaire, et 400 000 familles parmi les plus pauvres sont en danger de se retrouver sans toit. Une partie des jeunes ne peuvent accéder à un logement propre ni à une chambre de cité universitaire. On voit même réapparaître dans la rue des tentes, dressées par ceux qui protestent contre la situation du logement populaire.

La politique du gouvernement de Netanyahou, malgré ses promesses de construction de logements neufs, a été exclusivement orientée vers le soutien à de nouvelles implantations de colons dans les territoires occupés. Son rival, Herzog, faisait remarquer pendant la campagne que le Premier ministre avait consacré 10 milliards de shekels (2,25 milliards d’euros) à la construction de maisons de colons, plutôt qu’à construire des logements populaires dans les villes israéliennes.

L’état de guerre permanent dans lequel vit Israël est coûteux et dangereux pour la population. Mais il n’est pas que le fait des gouvernements de droite, qu’il s’agisse de celui de Netanyahou ou de ceux qui l’ont précédé, menés par Ehoud Olmert ou Ariel Sharon. Les gouvernements dirigés par les travaillistes ont, eux aussi, mené une politique belliqueuse, hostile aux États arabes voisins comme aux droits des Palestiniens, et au service de la stratégie de domination impérialiste au Moyen-Orient. Loin d’apporter à la population d’Israël la sécurité, elle la fait vivre dans une insécurité permanente. Elle lui coûte cher aussi, car il faut payer le déficit budgétaire creusé par des dépenses militaires en progression constante.

Le résultat de ces élections ne changera pas la politique du prochain gouvernement d’Israël, quel qu’il soit. Mais il souligne l’impasse dans laquelle ses dirigeants enfoncent le peuple israélien, et le peuple palestinien avec lui ; une impasse dont ils ne pourront sortir qu’ensemble.

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