Autoliv-Isodelta – Chiré (Vienne) : les actionnaires menacent des emplois18/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2433.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Autoliv-Isodelta – Chiré (Vienne) : les actionnaires menacent des emplois

Située près de Poitiers, l’usine Autoliv-Isodelta produit des volants pour l’industrie automobile. Vendredi 6 mars, la direction a annoncé, lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, la suppression de 225 des 655 CDI.

Depuis des années, les patrons du site poitevin arguent de prétendus déficits pour mettre la pression dans les ateliers, à coups d’heures supplémentaires imposées, de week-ends travaillés, de jours de repos pris à leur convenance en fonction des aléas de leur production. Cette entreprise, où les salaires ouvriers sont bas, est connue pour ses conditions de travail difficiles qui engendrent des arrêts maladie, au grand dam de la direction, qui en est pourtant responsable, en organisant l’intensification du travail. Alors que les effectifs à l’usine sont passés de 1 200 CDI en 2005, à 600 aujourd’hui, la production n’a cessé de croître.

Le coût de la matière première serait, paraît-il, la raison de ce nouveau plan de suppressions de postes. En fait, les patrons du site de Chiré, qui pilotent des usines en Roumanie et en Tunisie, où le salaire minimum avoisine les 160 euros, veulent tailler dans les effectifs. Ceci est d’autant plus scandaleux que l’entreprise est filiale de la richissime multinationale Autoliv, qui compte 60 000 travailleurs à travers le monde pour fabriquer des airbags, des ceintures de sécurité, etc. Les actionnaires de ce groupe capitaliste se sont versé sur les quatorze dernières années pas moins de 3,74 milliards de dollars ; pour l’exercice 2014, ils empocheront 811 millions de dollars. Leurs prévisions de croissance, pour la division volants uniquement, tablent sur 4 % et un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars d’ici 2017 !

Alors, de l’argent il y en a, de toute évidence, pour maintenir les emplois. Si le coût de la matière première pose problème, les actionnaires n’ont qu’à être moins rapaces sur leurs dividendes. Ce n’est pas aux travailleurs de faire les frais de leur cupidité !

Cette recherche du moindre coût pour maximiser les profits se retrouve également dans la fabrication des airbags. En plus d’un marché automobile qui connaît un regain d’activité, et du fait des difficultés d’un concurrent japonais, Takata, Autoliv s’est vu commander par des constructeurs 25 millions de gonfleurs d’airbags, notamment pour le marché nord-américain. Plusieurs millions d’autres suivront. Cela n’empêche pas des fermetures d’usines produisant de tels éléments, comme en Allemagne, ou des suppressions de postes, comme à Gourney près de Rouen, et le transfert de productions vers des pays à bas salaires.

Alors que le chômage est massif et que le département de la Vienne, comme d’autres, connaît de multiples licenciements et fermetures d’usines, il est révoltant de voir des travailleurs menacés de perdre leur emploi. Le jour de la tenue du comité d’entreprise extraordinaire, ceux-ci ont massivement débrayé, à l’appel de la CGT et de la CFDT, pour imposer à la direction d’avancer la réunion. Pour une usine qui connaît peu de tels mouvements et dont les ouvriers subissent quotidiennement la morgue de la direction, ce succès augure d’autres combats.

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