Profanation d’un cimetière : des politiques qui alimentent les préjugés communautaristes18/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2429.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Profanation d’un cimetière : des politiques qui alimentent les préjugés communautaristes

La profanation de quelque 300 tombes dans le cimetière juif de Sarre-Union dans le Bas-Rhin, survenue en même temps que les attentats de Copenhague, a choqué à juste titre. Les jeunes qui ont commis ce vandalisme se défendent d’avoir agi par antisémitisme. Il est certes difficile de les croire, entre autres parce que ce cimetière avait déjà été vandalisé quelques années auparavant et aussi parce qu’ils ont détruit volontairement un monument commémoratif du génocide de la Deuxième Guerre mondiale érigé dans le cimetière. Mais, quelles que soient les raisons qui font naviguer ces jeunes entre racisme et stupidité, leurs actes s’inscrivent dans un contexte qui les dépasse.

De toutes parts, l’heure est en effet aux discours mettant en avant les appartenances religieuses ou les origines ethniques, dont la conséquence est de renforcer le repli communautaire. Bien des politiciens en rajoutent, attisant les tensions entre les communautés.

Valls, Hollande, Cazeneuve, entre autres, en ont profité pour poursuivre sur le thème des « valeurs de la République » qui sont censées protéger contre le racisme, et ont appelé à un sursaut national. Mais en quoi l’unité nationale derrière un tel gouvernement pourrait-elle faire reculer le racisme ? Quand ce n’est pas directement le Premier ministre Valls qui explique que les Roms ne peuvent pas s’intégrer, c’est toute la politique du gouvernement socialiste qui renforce l’exclusion sociale et favorise la montée des préjugés d’extrême droite.

De son côté, le Premier ministre Netanyahou profite de la peur causée par ces actes pour appeler les Juifs de France à émigrer en Israël. En fait, loin de combattre l’antisémitisme, les gouvernements israéliens se servent de la crainte qu’il inspire pour maintenir leur population otage de leur politique assassine contre les Palestiniens. Et depuis des décennies, loin de faire reculer l’antisémitisme, la politique d’Israël l’alimente sans cesse.

De son côté, Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a tenu des propos particulièrement choquants. Avant même de savoir quoi que ce soit des auteurs de la profanation du cimetière de Sarre-Union, Il a dénoncé l’Éducation nationale qui aurait « failli complètement dans son rôle d’intégration ». Cukierman ne s’en prend évidemment pas aux politiciens experts dans l’art d’alimenter les préjugés. Lui aussi affiche un racisme scandaleux quand il ajoute : « Nous savons que la quasi-totalité des actes antisémites sont commis par des jeunes issus de l’immigration maghrébine. Ils ne se sentent pas français, pour beaucoup d’entre eux. » Ces phrases pourraient être reprises par le Front national qui, de son côté, explique que « l’augmentation des actes antisémites est la conséquence directe de l’immigration massive ».

Ces politiciens ne sont aucunement des remparts contre le racisme et l’antisémitisme, bien au contraire. Leurs discours et leurs politiques, largement relayés par les médias, alimentent les oppositions communautaires, avec le racisme et les violences qui en découlent. On ne peut combattre ces dangers, bien réels, sans combattre tout ce qui divise les exploités entre eux et sans rejeter avec force ces discours insidieux qui renforcent le racisme et les préjugés, tout en prétendant s’y opposer.

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