Libye : vers une nouvelle intervention occidentale ?18/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2429.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Libye : vers une nouvelle intervention occidentale ?

Lundi 16 février, l’aviation égyptienne a bombardé en Libye des sites occupés par un groupe armé se réclamant de l’État islamique. Cette attaque a été menée en représailles à la décapitation de vingt et un chrétiens égyptiens kidnappés par cette organisation. Le président égyptien Al Sissi a renouvelé ses appels à la constitution d’une coalition pour intervenir militairement en Libye.

En fait, cette coalition se met en place depuis des mois. Les dirigeants des grandes puissances comme ceux des pays arabes ou africains se préoccupent simplement de ne pas partir seuls au combat et d’avoir la couverture internationale de l’ONU.

Quand on voit les résultats de la précédente intervention en Libye, il y a à peine quatre ans, il est pourtant clair qu’une nouvelle opération militaire ne pourrait qu’ajouter du chaos au chaos. Kadhafi a certes été renversé en 2011, mais le pays est plongé depuis dans la désorganisation la plus totale. La population risque en permanence sa vie, prise au milieu des affrontements entre groupes qui se disputent le pouvoir les armes à la main sur un quartier, une ville ou des installations pétrolières.

Il y a deux Parlements, l’un à Tobrouk, reconnu par les grandes puissances, et l’autre à Tripoli, contrôlé par les islamistes, mais ces institutions ne sont que des fictions juridiques. La seule autorité qui compte réellement est celle des milices se réclamant de l’une ou l’autre de ces Assemblées pour racketter la population et mener leurs trafics. Le sud désertique du pays est disputé entre les groupes armés Toubous et Touareg, et sert de base arrière aux opérations des groupes djihadistes vers le Mali ou le Niger. Cette situation a ouvert la voie au développement de groupes comme celui qui vient d’assassiner les vingt et un otages.

Aujourd’hui l’Égypte mais aussi des pays africains voisins réclament à cor et à cri une intervention militaire en Libye. La France s’y est préparée, en positionnant ses troupes à la frontière libyenne, au Tchad et au Niger. L’Italie, qui détient encore des intérêts pétroliers dans le pays, s’est dite, par la voix de son ministre de la Défense, prête à prendre la tête d’une coalition et à envoyer plusieurs milliers d’hommes. Matteo Renzi, le chef du gouvernement, a certes tempéré ces propos, mais ils montrent bien que l’affaire est envisagée.

Une nouvelle guerre se prépare donc, au nom de la lutte contre le terrorisme. Comme si l’exemple de la Libye ne prouvait pas, au contraire, que les interventions militaires favorisent son expansion !

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