La nostalgie du kaki18/02/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/02/kaki.jpg.420x236_q85_box-0%2C326%2C1838%2C1360_crop_detail.jpg

Leur société

La nostalgie du kaki

Si, selon Le Drian, ministre de la Défense, le service militaire obligatoire « ne correspond plus aux besoins de l’armée française », d’autres politiciens réclament son retour, cherchant à jouer sur la corde nationaliste, dans la foulée de l’émotion née des attentats du mois dernier.
Illustration - La nostalgie du kaki

C’est le cas de François Baroin ou Xavier Bertrand à droite, de Marine Le Pen au Front national, mais aussi de Jean-Luc Mélenchon à gauche, qui regrette que « l’armée ne bénéficie plus comme avant de son ancrage populaire profond, comme elle l’avait avec la conscription ».

À l’appui de cette brillante idée, ils parent le service obligatoire de vertus largement imaginaires. Selon eux, il renforcerait l’apprentissage de la vie en société, la mixité sociale, le respect mutuel et les valeurs de la démocratie.

En fait ce service obligatoire, suspendu depuis 1997, pesait sur la jeunesse masculine qui devait donner une année, et plus dans d’autres périodes, à l’État et à un de ses piliers les plus réactionnaires : l’institution militaire. Or, comme dans toute armée bourgeoise, ce n’est pas les soldats issus des couches populaires qui y commandaient ou contrôlaient quoi que ce soit. La caste des officiers donnait les ordres, auxquels nul n’était supposé réfléchir et encore moins désobéir.

Dans les casernes où, en guise de mixité sociale, étaient entassés des jeunes qui n’avaient pas demandé à y séjourner, ce n’était pas le respect de l’individu qui dominait, mais la contrainte et même le dressage, sous la férule d’une hiérarchie rarement bienveillante. On n’y apprenait pas les « valeurs démocratiques », mais la soumission.

C’est cet embrigadement aux ordres de l’État des exploiteurs que le mouvement ouvrier doit combattre. Quant à l’apprentissage des armes, puisqu’il est nécessaire, il doit se faire sur le lieu de travail et sous la direction des travailleurs, seule garantie qu’elles ne seront pas utilisées contre eux.

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