Fermeture de la Méditerranée : une politique de plus en plus meurtrière18/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2429.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fermeture de la Méditerranée : une politique de plus en plus meurtrière

En 2014, sur les 200 000 personnes qui ont tenté de rallier l’Europe par la Méditerranée, on estime que près de 3 500 sont mortes en mer. Le 9 février dernier, 29 migrants sont morts de froid, alors même qu’ils étaient remorqués par des gardes-côtes. Les drames de l’immigration à travers la Méditerranée continuent et, dans le contexte international, ils ne sont pas près de cesser.

Après les 366 morts d’un naufrage en octobre 2013, l’Italie avait monté l’opération Mare Nostrum, avec 900 hommes chargés d’assurer les secours en mer jusqu’à 320 km des côtes. Des politiciens réactionnaires et bornés s’étaient alors indignés, prédisant que cela allait entraîner un afflux de migrants. En réalité, les départs des pays pauvres vers les pays riches ne dépendent ni des conditions du trajet, ni de l’accueil à l’arrivée. Les candidats à l’exil savent ce qui les attend : perdre leurs économies et risquer leur vie pour, au bout du chemin, se faire exploiter clandestinement, en restant sous la menace d’une expulsion. S’ils se résignent quand même à quitter leur pays, c’est que la misère et l’insécurité qui y règnent sont encore bien pires.

La guerre qui se développe en Libye, en Syrie, et qui risque de s’étendre encore dans tout le Moyen-Orient et au Sahel, est maintenant la principale raison qui pousse les populations à fuir la barbarie. Mais, à cause de l’interdiction presque totale de l’immigration dans les pays européens, les migrants sont obligés de se soumettre à des réseaux mafieux. Les passeurs les entassent, parfois de force, dans des rafiots hors d’âge, et les abandonnent au moindre danger.

Malgré cela, l’Union européenne a divisé par trois le budget consacré à la surveillance de cette zone. Depuis le 1er novembre 2014, Triton remplace donc Mare Nostrum. Ses moyens humains et matériels sont très réduits, son action limitée à 50 km des côtes, et surtout priorité est donnée à la surveillance des frontières sur le sauvetage. Les conséquences n’ont pas tardé, même si heureusement les secours italiens continuent à sauver des milliers de migrants en détresse. Après le dernier drame, un responsable des Nations unies a estimé qu’« avec Mare Nostrum il aurait été possible de mettre ces gens au chaud et au sec, de leur donner à manger ».

Durcir les conditions de passage de la Méditerranée, alors que la situation économique et politique se dégrade, du Mali à la Syrie, de la Libye à l’Afghanistan, cela ne fera pas diminuer le nombre de migrants. Par contre, cela augmentera à coup sûr le nombre de victimes.

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