Taxe sur les transactions financières : Des paroles et pas d'actes07/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2423.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxe sur les transactions financières : Des paroles et pas d'actes

Hollande, en panne d'annonces pouvant plaire à l'électorat de gauche, a ressorti sur France Inter le 5 janvier l'idée d'une taxe sur les transactions financières (TTF).

C'est pratique puisque, comme le gouvernement, à genoux devant le patronat et « l'entreprise », n'a pas la moindre intention de contraindre les capitalistes à quoi que ce soit, sa mise en oeuvre est sans cesse repoussée. Ainsi ces politiciens peuvent en parler régulièrement. Cela avait déjà été le cas sous Jospin, en 2001, quand son principe, et seulement son principe, avait été adopté par l'Assemblée. Quatorze ans plus tard, on en est au même point...

L'idée d'une telle taxe a d'abord germé il y a quarante ans chez l'économiste américain Tobin, qui était loin d'être un anticapitaliste. Il s'agissait pour lui de décourager un peu les capitaux de se précipiter dans la spéculation en taxant, de façon très modérée, chaque transaction financière. En France, l'association ATTAC a repris cette idée depuis une quinzaine d'années, se contentant de réclamer aux États et aux institutions internationales l'instauration une telle taxe, au faible taux de 0,1 %.

Depuis quelques années, face au problème insoluble de leur endettement, des États européens se sont mis à considérer la perspective d'une telle TTF pour renflouer un peu leurs caisses. C'est le cas de la France, de l'Allemagne, et de neuf autres pays européens. Mais ces États sont tellement aux petits soins avec les « marchés » financiers, c'est-à-dire avec la bourgeoisie, qu'ils ne font rien d'autre que d'en parler. En revanche ils ne perdent jamais de temps quand il s'agit d'augmenter les taxes qui pèsent sur la population, comme la TVA, dont le taux de 20 % est loin d'être marginal.

Les ministres français sont passés maîtres dans l'art de parler surtout des difficultés de la mise en place de la TTF, pour se justifier de ne rien faire.

De toute façon le président français ne parle que d'un taux de taxation « faible, pour qu'il n'y ait pas de désorganisation des marchés », et pas avant 2016 ou 2017. En fait, synthétisant le peu de volonté des onze États européens qui bavardent de cette TTF sans rien décider, la Commission européenne a organisé des réunions autour du taux de taxation ridicule de 0,01 % pour les produits dérivés, tout en prévoyant des exceptions.

Même une telle TTF aussi indolore pour les capitalistes n'a pas vu le jour et, de toute évidence, n'existera dans les années à venir que dans les discours. On peut donc prévoir que Hollande continuera régulièrement à tenter de redorer son blason de gauche en resservant ce même plat de plus en plus fade.

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