La médecine doit être un service pour tous07/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2423.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La médecine doit être un service pour tous

Depuis des dizaines d'années, tous les gouvernements entonnent la même ritournelle selon laquelle « l'hôpital coûte trop cher ». Des lits, des services, des établissements ont été fermés. Le nombre de centres hospitaliers généralistes qui assuraient autrefois toutes les activités - médecine, chirurgie, urgences, maternité, consultation - n'a pas cessé de diminuer.

Et dans la population, ce sont les plus pauvres qui en subissent le plus directement les conséquences. Car si l'hôpital pratique la dispense d'avance de frais, il n'en va pas de même dans tous les cabinets médicaux.

La mise en place du tiers payant chez l'ensemble des médecins libéraux serait donc une nécessité pour tous ceux qui n'ont pas les moyens de faire l'avance des frais. D'autant que, par le biais des cotisations sociales qui amputent les salaires et les pensions, les patients ont déjà payé !

Parmi les médecins qui refusent le principe du tiers payant, ceux qui le proclament au nom de la médecine libérale et du refus de « l'étatisation » de cette médecine font preuve d'un certain culot. Ils font mine d'oublier que, s'ils peuvent jouir aujourd'hui de leur savoir, de leur statut et de leur niveau de vie, c'est tout de même grâce à une certaine « étatisation ». En effet, c'est grâce aux investissements de l'État et de la Sécurité sociale, grâce à l'argent public, qu'ils bénéficient d'une formation, d'enseignants et de toutes les structures adaptées à leur apprentissage.

En échange, la collectivité ne leur impose rien. Et pourtant, ne serait-ce que pour repeupler certaines régions qui sont devenues de véritables déserts médicaux en raison du numerus clausus, c'est-à-dire du quota d'étudiants admis à passer de première en deuxième année, les jeunes médecins pourraient être appelés à s'installer pendant un temps là où ils manquent. La collectivité aurait tout à y gagner.

De la même manière, un grand système de santé public, où l'État et la Sécurité sociale assureraient sans multiples détours la rémunération des médecins, où les usagers n'auraient pas de reste à charge à payer, où les personnels de santé bénéficieraient des moyens techniques les plus performants sans souci de rentabilité financière, permettrait sans conteste un bien meilleur accès de la population au droit à la santé. Là encore, toute la collectivité y gagnerait. À condition de faire sauter une conception de la médecine qui veut en faire une bonne affaire pour ceux qui l'exercent, bien avant d'être un service à la population.

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