Formation professionnelle : La « grande réforme » accouche d'une souris07/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2423.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Formation professionnelle : La « grande réforme » accouche d'une souris

Lors de son interview du 5 janvier sur France Inter, Hollande, pour prouver, a-t-il dit, qu'il menait une politique de gauche, s'est référé à la réforme de la formation professionnelle et à la mise en place du compte personnel de formation, réforme qui entre en application en ce mois de janvier.

Il faut tout le culot de ce politicien roublard pour oser présenter comme une réforme favorable aux travailleurs ce petit aménagement qui va d'abord bénéficier au grand patronat.

Car cette « grande réforme » consiste à modifier légèrement un dispositif déjà existant, le droit individuel à la formation, le DIF, totalement marginal par rapport à la formation professionnelle en place, et à le rebaptiser : le compte personnel de formation, le CPF.

En réalité, elle ne change pas grand-chose pour les salariés. Le droit individuel à la formation, avait été institué en 2003. À raison de 20 heures par an, et de 120 heures maximum, il créait un droit à disposer d'une formation de faible durée, ou pouvant servir à compléter le financement d'une formation plus longue. La formation était librement choisie par le salarié. Le gouvernement a remplacé ce système par le compte personnel de formation, le CPF, dont la nouveauté essentielle est de faire passer de 120 à 150 le nombre possible d'heures de formation. En contrepartie, ce qui est loin d'être marginal, le salarié ne pourra plus utiliser ces heures pour la formation de son choix : il devra choisir parmi celles validées par les patrons de la branche à laquelle il est rattaché. Pour le changement, c'est plutôt mince.

Pour les employeurs, les contributions financières à ce dispositif et à la formation professionnelle vont être réduites. Elles s'étalaient de 0,55 % de la masse salariale (pour les petites entreprises) à 1,6 % (pour les plus grandes). Dorénavant, si la contribution minimum restera à 0,55 % pour les petites entreprises, elle sera ramenée de 1,6 % à 1 % de la masse salariale pour les grandes. Un cadeau de plus pour elles.

Pour l'essentiel la formation professionnelle reste donc ce qu'elle était. Dans les entreprises, surtout les grandes, avec à la clé des dégrèvements fiscaux, elle servira à former les salariés que l'entreprise choisira, pour les adapter aux postes qu'elle désire, sans même leur offrir une progression salariale et professionnelle.

Le salarié qui travaille et qui veut bénéficier d'une vraie formation devra toujours faire appel au congé individuel de formation, qui demeure ce qu'il était et qui se fait en dehors de l'entreprise. Quant aux chômeurs, pour avoir une formation qualifiante (débouchant sur un diplôme reconnu) qui compte au moins 900 heures, ils devront toujours faire appel aux formations distribuées par les régions ou par Pôle emploi.

Voilà donc ce qu'il en est de la « grande réforme » vantée par Hollande, ses ministres et le PS. Vraiment révélateur !

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