CGT : C'est la politique de la Confédération qui doit changer !07/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2423.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CGT : C'est la politique de la Confédération qui doit changer !

Mardi 6 janvier, les huit membres de la direction restreinte de la CGT, le bureau confédéral, ont remis leur mandat, pour que le CCN, la direction large, élise un nouveau bureau la semaine suivante. Le lendemain, Thierry Lepaon a annoncé sa démission de ses fonctions de secrétaire général.

Ce départ représente certainement un soulagement pour les militants de la CGT qui se sentaient salis par son comportement. Depuis son arrivée à la tête de la centrale, Lepaon a tout fait pour obtenir des avantages lui permettant de vivre comme un cadre : appartement à Vincennes, travaux coûteux, mobilier de luxe dans son bureau, prime de départ. Suite aux révélations sur son train de vie, il a systématiquement menti, en particulier sur son salaire qu'il a fait passer de 5 200 euros à 4 000 euros en décembre dernier. Si ces sommes sont loin de celles touchées par les dirigeants capitalistes et même par bien des journalistes qui font leur fonds de commerce des critiques contre la CGT, il s'agit quand même du salaire le plus élevé parmi les permanents du syndicat, bien au-delà d'un salaire de travailleur qualifié, sans parler des militants dans les ateliers et les bureaux qui ne connaissent ni augmentation, ni prime justement parce qu'ils sont syndiqués.

Toutes ces affaires ont donné l'occasion aux dirigeants politiques et patronaux de mener une campagne dirigée avant tout contre les militants, de la CGT comme des autres syndicats, qui continuent à la base à combattre le patronat. Pour tenter de démoraliser ces militants et transformer définitivement les syndicats en interlocuteurs privilégiés et dociles dont on n'ait rien à craindre, toutes les occasions sont bonnes.

La démission de Lepaon, et même de tout le bureau confédéral qui connaissait certainement le mode de vie du secrétaire général, ne suffira certes pas à changer la politique de la CGT car derrière l'affaire Lepaon, c'est le décalage entre les militants et les dirigeants qui est mis en lumière. Ceux-ci, à force de fréquenter les réunions de négociations et les bureaux des ministères, se sont intégrés à ce petit monde qui gère la société, jusqu'à singer les attitudes des cadres ; quand ils ne sont pas devenus eux-mêmes de simples gestionnaires du système à travers les divers organismes sociaux. Depuis bien longtemps, leurs raisonnements et leurs choix politiques se font en fonction des intérêts de leur appareil et non de ceux des travailleurs. En se transformant, ils ont aussi transformé toute la politique des syndicats qui ne vise plus à contester le pouvoir des patrons et à remettre en cause la société capitaliste. On ne les trouve plus sur le terrain de la lutte de classe mais sur celui, biaisé, du prétendu « dialogue social ».

Les dirigeants de la CGT comme Louis Viannet, ancien secrétaire général de la CGT, qui ont poussé à la démission de Lepaon, ne veulent pas d'un changement de cap de la CGT. Ils ont d'ailleurs en leur temps contribué à cette évolution de la centrale syndicale. Dans les tractations actuelles au sein de la direction de la CGT, on ne discerne que des luttes d'appareil et non une véritable discussion sur la politique et les objectifs de la centrale.

Parmi les travailleurs, parmi les militants du syndicat à la base, la crise que vit la CGT doit être au moins l'occasion de mettre cette question sur le tapis. Au moment où le patronat et le gouvernement sont à l'attaque contre les droits des travailleurs, il faut préparer une véritable riposte de la classe ouvrière et ce devrait être la première préoccupation de tous les militants ouvriers sincères. À tous les niveaux des organisations syndicales, c'est la préoccupation de la défense des intérêts de la classe ouvrière qui devrait s'imposer. Mais pour que le syndicat représente réellement le monde du travail dans ses choix et par ses dirigeants, il faudrait que les syndiqués les contrôlent eux-mêmes à tous les niveaux ; que les responsables rendent des comptes et que les travailleurs et les militants puissent déterminer réellement la politique menée.

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