Sanofi, Quetigny : « S'il le faut on est repartis pour un mois ! »03/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2418.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sanofi, Quetigny : « S'il le faut on est repartis pour un mois ! »

Les travailleurs de Sanofi Quetigny, en Côte-d'Or, ont entamé le 1er décembre leur cinquième semaine de grève. Celle-ci a commencé à l'annonce du rachat de l'usine par un sous-traitant pharmaceutique, Delpharm, qui voulait supprimer leurs primes Sanofi, qui constituent pour l'instant entre un tiers et un quart de leur salaire. Ils ont déjà obtenu 15 000 euros, soit un peu moins de deux ans de primes, mais ils estiment que ce n'est pas une garantie suffisante.

La nouveauté de la semaine a été le retrait du directeur local, dans les négociations, au profit d'un de ses supérieurs hiérarchiques de Paris. Dans le fond, rien n'a changé, la direction étant passée dans ses propositions de 15 000 euros net à 20 000 euros brut... ce qui revient au même. Conscients que la direction les roulait, les travailleurs ont répondu comme il se devait. Ils ont bénéficié de nombreux soutiens de l'extérieur : klaxons de voitures devant le piquet en signe d'encouragement, dons envoyés aux grévistes et soutien de la part des autres sites.

Le patron a tenté de provoquer les grévistes. Il a engagé des équipes tournantes de vigiles et un huissier, pour tenter de faire s'échauffer les esprits. L'huissier a voulu s'amuser à faire un album photo, prenant les grévistes en train de décharger des combustibles pour le feu du piquet, mais les ouvriers l'ont empêché de le compléter, en organisant un barrage.

Sur un ton plus humoristique, les grévistes ont décidé de s'amuser un peu en testant la nervosité de la direction, certains allant se promener du côté du déchargement des camions, pour voir comment elle allait réagir. Toute la cavalerie a rappliqué dare-dare : l'huissier avec sa dragonne pendouillante, les six vigiles essoufflés et un directeur on ne peut plus désemparé. Ensuite eut lieu un jeu de ping-pong téléphonique entre la direction et les représentations syndicales, la direction devenant complètement chèvre. Cette histoire aura au moins donné un instant de détente et de franche rigolade à l'assemblée générale du soir de l'ensemble des grévistes.

Lorsque les cadres de Paris sont venus négocier le vendredi 28 novembre pour « mettre fin au conflit », ils ont été chaleureusement accueillis par le débrayage total de l'usine pendant deux heures. C'est le signe que les 120 grévistes ont le soutien de l'ensemble des 350 salariés du site. Soutien bien plus large d'ailleurs, puisque le lundi suivant une cinquantaine de syndiqués sont venus d'autres sites du groupe apporter leur solidarité. Ce geste a été le bienvenu, d'autant que c'est cette union des travailleurs qu'a le plus à craindre le groupe Sanofi, qui veut faire à d'autres ce qu'il fait à Quetigny.

Cette cinquième semaine de grève est plus dure pour les grévistes, mais un noyau solide s'est constitué dans la lutte, voyant plus loin que la grève en elle-même et expliquant que, même après la reprise, « maintenant qu'on est solidaires, plus rien ne sera jamais comme avant ». Cela sera vrai si d'autres travailleurs de Sanofi ou d'ailleurs, à leur tour, les rejoignent.

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