Tunisie : On prend les mêmes et on continue26/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2417.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : On prend les mêmes et on continue

Après les élections législatives qui se sont tenues le 26 octobre dernier, le premier tour des élections présidentielles a eu lieu en Tunisie le 23 novembre. Les deux candidats qui doivent se retrouver au second tour sont l'actuel président Moncef Marzouki, en place depuis 2011, et un ancien président de la Chambre des députés sous Ben Ali et ancien ministre de Bourguiba, Caïd Essebsi.

Ainsi, trois ans après les mobilisations populaires qui avaient fait chuter la dictature, les vieux politiciens du régime se recyclent pour remettre en place un pouvoir qui ressemble de plus en plus au précédent.

Les résultats des législatives et les sondages du premier tour de la présidentielle mettent Essebsi en position de favori. Marzouki doit assumer le bilan social de ces années d'après Ben Ali, pendant lesquelles la situation a continué à se dégrader pour les couches populaires, avec un taux de chômage officiel de 17 %. Mais il doit aussi assumer d'avoir gouverné pendant les trois ans avec les dirigeants du parti islamiste Ennahda, qui s'est en partie discrédité.

Les assassinats des opposants de gauche Chokri Belaïd en février 2013, et Mohamed Brahmi en juillet 2013, avaient déjà provoqué l'indignation contre les groupes islamistes soupçonnés d'être les commanditaires des meurtres. En janvier 2014, Ennahda avait été obligé de céder la première place au gouvernement, place qu'il détenait depuis sa victoire lors des élections à l'Assemblée constituante d'octobre 2011. Plus globalement, c'est l'évolution de la situation au Proche-Orient, avec le chaos grandissant et la barbarie affichés des milices djihadistes, qui inquiète et fait percevoir les partis islamistes comme un danger. Ainsi, une partie de l'électorat semble penser qu'à tout prendre des politiciens comme Essebsi peuvent être une garantie contre ce type de dérive.

Le « printemps arabe » de 2011, commencé en Tunisie, n'avait en fait abouti qu'à un changement de façade, obligeant les cadres du régime de Ben Ali à se faire discrets pour un certain temps. Mais aujourd'hui ils peuvent s'afficher de plus en plus, illustrant le fait que rien n'a vraiment changé. Au mieux sont apparues des élections, des Assemblées, constituante puis législative, on ne sait pour combien de temps.

Mais surtout, dans les profondeurs du pays, pour les travailleurs, les chômeurs, la population pauvre, aucun des espoirs de 2011 n'a été satisfait, ni ne le sera par le prochain gouvernement. Il faudra pour cela plus qu'un « printemps », une révolution.

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