STX, Saint-Nazaire : Le procès des « montages exotiques » du patron26/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2417.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

STX, Saint-Nazaire : Le procès des « montages exotiques » du patron

Jeudi 27 novembre devait avoir lieu à Rennes le jugement en appel qui oppose le chantier naval de Saint-Nazaire à trois travailleurs grecs. Cette affaire remonte à 2008. Ces trois travailleurs avaient été licenciés d'une entreprise sous-traitante du chantier naval et n'avaient même pas touché les arriérés de salaire qui leur étaient dus. Ils s'étaient alors retournés contre le donneur d'ordres pour obtenir le paiement de ces salaires, considérant, à juste titre, que c'était la direction du chantier naval qui était responsable de leur situation.

C'est en effet cette direction qui avait choisi de généraliser la sous-traitance à bas coût, en travaillant avec des margoulins qui lui garantissaient des coûts extrêmement bas. Elle avait même trouvé un nom pour baptiser ces méthodes : le « montage exotique ». Pourtant, dans un premier temps, cette direction a aussi opposé un refus catégorique à la demande de ces travailleurs.

La situation de ces travailleurs était d'autant plus précaire que, comme beaucoup de sous-traitants venant de l'étranger, ils étaient dépourvus de contrat de travail et de bulletins de salaire. C'est dans ces conditions que ces trois travailleurs avaient entamé une grève de la faim. Ils avaient reçu, entre autres, le soutien de la CGT. Cette grève avait duré dix-neuf jours, le hall d'entrée de la mairie de Saint-Nazaire étant occupé nuit et jour par les grévistes et leurs soutiens. Face à la réprobation de l'opinion publique, la direction des Chantiers avait fini par céder « pour raison humanitaire ».

Deux semaines après la fin de la grève, de retour au pays, un des trois travailleurs décédait, affaibli par cette grève. Suite à cela un de ses camarades portait plainte aux Prud'hommes de Saint-Nazaire. Cinq ans après, un juge professionnel déboutait ces travailleurs de leur demande de réparation et les condamnait aux dépens. C'est cette affaire qui doit être jugée en appel à Rennes.

À l'époque où tout cela a commencé, le chantier s'appelait Aker Yards et était propriété d'un groupe norvégien. Aujourd'hui les propriétaires sont coréens, même si l'État français en détient toujours 30 %. Mais les méthodes n'ont pas changé. Le recours à des travailleurs venant de pays à bas coût a été systématisé. Et les pouvoirs publics sont toujours aussi peu regardants sur le respect des règles minimales qu'impose le Code du travail.

Pour les travailleurs, il est impératif de vaincre cette division que la direction tente d'imposer en multipliant les entreprises, les conditions de travail, les statuts. Elle cherche aussi à tirer parti de la difficulté de communiquer entre travailleurs, du fait de la multiplicité des nationalités et des langues. Des militants de la CGT, pour y répondre, ont édité à différentes reprises un tract en plusieurs langues (huit !). Cela ne résout pas tout, mais cela indique la voie à prendre. La force des travailleurs réside dans leur unité et leur solidarité, pour ne pas en être réduits à des moyens désespérés pour obtenir de toucher leur paye.

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