États-Unis, sans-papiers : Un sursis avant expulsion26/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2417.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis, sans-papiers : Un sursis avant expulsion

À coups de grandes envolées lyriques rappelant que les États-Unis sont une nation d'immigrants, Barack Obama a essayé de restaurer son autorité politique, mise à mal par le récent échec électoral des démocrates, en prononçant un discours sur le sort des travailleurs sans papiers. Les mesures annoncées par le président américain ont été présentées comme une grande avancée en faveur des immigrés. La réalité est pourtant bien différente.

Sur une estimation de 11 millions d'immigrés sans papiers, mais dont plus de la moitié sont dans le pays depuis plus de dix ans et près d'un tiers possèdent même une maison, seuls 3 à 5 millions sont concernés par les mesures d'Obama. Il ne s'agit pas du tout de les régulariser, ce que pourtant beaucoup réclament, y compris par de grandes manifestations ces dernières années. À condition qu'ils puissent justifier de cinq années de résidence et d'avoir un enfant qui possède la nationalité américaine ou à défaut un statut de résident permanent, des salariés sans papiers pourront obtenir un permis de travail, c'est-à-dire un sursis avant expulsion, de trois ans.

Pour être bien certain que ce geste, dicté surtout par la volonté du patronat de continuer à exploiter cette main-d'oeuvre précaire, ne soit pas interprété comme un soutien aux immigrés, la Maison-Blanche a précisé que cette mesure serait assortie d'un renforcement des contrôles aux frontières. Un haut responsable a ajouté à destination des sans-papiers : « Si vous ne réunissez pas les conditions pour un sursis, vous pouvez vous attendre à être expulsé. »

La police sera donc lancée, plus encore qu'avant, dans des opérations de contrôle d'identité de travailleurs hispaniques dans le pays, et dans des patrouilles le long des barbelés qui séparent le Mexique des États-Unis. On est loin de la belle « nation d'immigrants » vantée dans les discours.

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