Des postes, pas des discours !26/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2417.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Enseignement

Des postes, pas des discours !

Le 21 novembre, la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a présenté un « plan contre le décrochage scolaire » qui aurait pour objectif de diviser par deux le nombre d'élèves qui ont des difficultés. Beaucoup de bruit pour presque rien, voilà à quoi peut se résumer ce plan, qui ressemble comme deux gouttes d'eau au précédent de Vincent Peillon.

Empêcher que des élèves quittent l'école sans rien serait certes une bonne chose. Près de 12 % des jeunes, soit 140 000 par an, quittent l'école sans diplôme. Mais que prévoit ce plan ? Un numéro unique pour permettre aux jeunes et à leur famille de contacter un conseiller, une formation contre le décrochage pour le personnel éducatif, un stage en entreprise ou un service civique pour permettre aux jeunes de faire une pause dans leur scolarité. Des heures de soutien seraient aussi proposées pour s'occuper des jeunes « décrocheurs ».

Rien de tout cela ne peut réellement remédier au problème. Les enseignants des écoles, collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont fait grève en grand nombre le 20 novembre, précisément parce que la situation dans laquelle les jeunes étudient s'est détériorée.

Le nombre d'élèves par classe est en augmentation continue, encore plus cette année du fait de la hausse démographique. Ainsi, 600 collégiens supplémentaires sont arrivés sans que soient créés les postes d'enseignants correspondants. Les classes sont surchargées, à plus de trente élèves par classe en primaire, comme dans les lycées.

Des sections sont fermées, en particulier en lycée professionnel. De ce fait, des dizaines de jeunes ne trouvent pas de place du tout ou ne peuvent choisir la filière qu'ils souhaiteraient suivre. Une classe peut rester sans enseignant pendant plusieurs semaines, faute de remplaçants. Le nombre d'embauches de non-titulaires est lui aussi en augmentation, jusqu'à représenter en moyenne 15 % du personnel ; des non-titulaires dont le gouvernement peut se débarrasser facilement.

Mais la Seine-Saint-Denis n'est pas le seul département concerné par le manque de moyens. Dans tout le pays, dans le primaire comme dans le secondaire, il manque des postes d'enseignants, mais aussi de surveillants, d'infirmières, de médecins scolaires, de personnel administratif ou de cantine et d'entretien, tous ceux, en un mot, qui permettent aux établissements scolaires de fonctionner correctement.

Il faudrait embaucher un nombre d'enseignants suffisant pour permettre aux jeunes les plus en difficulté d'étudier dans de bonnes conditions, dans des classes avec des effectifs réduits, et éviter ainsi justement qu'ils deviennent des « décrocheurs » au collège ou au lycée.

Or, si le gouvernement se vante beaucoup des postes créés, on reste très loin des 60 000 promis par Hollande qui, de toute façon, n'étaient même pas suffisants pour résorber les effets désastreux des dizaines de milliers de suppressions de postes réalisées entre 2002 et 2012. Voilà ce que les enseignants, les parents et les jeunes veulent, et pas des demi-mesures ou des discours avec lesquels le gouvernement tente de noyer le problème.

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