SNCF Bretagne : Le chantier qui tue19/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/lutte_ouvriere_2416.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF Bretagne : Le chantier qui tue

Dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 novembre, un ouvrier de l'entreprise Colas-Rail travaillant à la rénovation de la voie ferrée entre Rennes et Redon est mort après avoir eu la jambe sectionnée par la machine sur laquelle il travaillait.

L'accident s'est produit de nuit, sous une pluie battante et avec très peu d'éclairage. L'ouvrier a glissé et a été heurté par un chariot resté en fonctionnement, alors qu'il tentait de résoudre un incident électrique sur une machine dite « train de coupe ». Cette machine est disposée sur la voie ferrée, fait près de 800 mètres de long et permet d'enlever les anciens rails, traverses et ballast afin de les remplacer. Sur ce train de coupe, les ouvriers sont confrontés à des pannes à répétition et contraints d'intervenir alors qu'une partie des éléments du train continue à fonctionner. De plus, sur ce chantier de renouvellement de voies, ils travaillent depuis des mois de nuit et jusqu'à cinq nuits d'affilée. Mais ce chantier n'est pas un cas isolé. Il y a plusieurs mois déjà, sur un autre chantier, des cheminots SNCF et de Colas-Rail avaient débrayé ensemble contre l'accumulation des travaux de nuit et les risques que cela implique.

Aujourd'hui, ce travailleur est mort parce que, pour les propriétaires, l'entreprise Colas, liée au groupe Bouygues, comme pour le donneur d'ordre, le groupe SNCF, les travaux doivent aller vite, toujours plus vite.

Peu de temps après l'accident, il a fallu rendre la voie à la circulation des trains de voyageurs. Le vendredi, les patrons envoyaient un message aux cheminots pour les inciter à reprendre la production. Dès le lundi 19 novembre au soir, sans même attendre les premières conclusions du CHS-CT extraordinaire et malgré la préconisation de l'inspection du travail, ils ont fait remettre en route la machine tandis qu'une cellule psychologique était mise en place.

Autant dire que pour garantir leur sécurité et interdire qu'un tel accident mortel ne se reproduise, les travailleurs ne peuvent compter sur personne d'autre que sur eux-mêmes.

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